Elíaz avait eu l'occasion se sentir heureux de retourner à la maison. Un plaisir inexplicable mais quelques part très contrasté. Il n'avait pas vraiment trouvé le courage d'aller voir sa meilleure amie depuis son retour. Ils avaient eu quelques échanges de textos, ce qui aidait largement à ne pas montrer son inquiétude et sa faiblesse face à la chose. Mais aujourd'hui, il s'était décidé à aller la voir tant qu'il était encore en quasi-congés. C'est donc par texto qu'il lui fit part de sa visite, en lui disant qu'il ne serait pas contre si elle décidait s'y convier quelqu'un de son entourage. Quoiqu'il en soit, il vint à sonner à la porte de son appartement avec une boite de chocolat en main, anxieux et impatient de la revoir. Mais le sentiment d'être conscient qu'il n'allait la retrouver qu'à moitié l'angoissait.

Des mois ont coulé depuis mon accident et ma mémoire commence à peine à revenir progressivement. Des changements ont eu lieu. À l'heure actuelle, Stefan et moi nous sommes séparés pour des raisons évidentes. Je suis enceinte de trois mois et ce bébé n'est pas le sien mais celui d'un autre homme avec qui je me marié pour le fun, suite à un défi, à Las Vegas. Cet homme s'avère être mon autre meilleur-ami, Freddy Cooper dont je suis en prime tombé éperdument amoureuse et apparemment, ça ne date pas d'aujourd'hui. Quand je reçois un SMS ce jour de Elíaz, je fouille dans ma mémoire pour me rappeler des infos que Stefan, à l'époque ou il était encore là, me donnait. Elíaz est lui aussi mon meilleur-ami et en fouillant dans ces fameux carnets que je tiens à l'égérie des personnes les plus chers à mon coeur, j'ai découvert pas mal de truc. Sauf que, ça sera compliqué car je me souviens pas du tout de lui, comme de beaucoup. C'est une histoire de temps après tout. Lorsque ça sonne, je me lève du divan dans lequel je feuilletais ce fameux carnet et vais ouvrir, pour me trouver face à cet homme qui compte si tant à mes yeux mais que j'ai oublié comme beaucoup de chose. Salut ... Autant dire, je me sens un peu gênée car je ne sais pas comment réagir envers lui. Je m'efface pour le laisser entrer, en continuant de torturer mon cerveau pour y trouver ne serais-ce qu'une once de souvenirs nous concernant.

Cinq lettres ! Une lettre de ce mot par mois d'absence quasiment. 'Salut'. Un peu comme s'il l'avait vu la veille et qu'en plus de ça, il l'importait peu. Il était quasiment sûr qu'en temps normal il aurait eu droit à pas moins de cinq phrases rien que pour le bonheur qu'elle aurait eu de le revoir. En face, le bonheur de la revoir était bien plus que là c'était forcé, et la voir en face de lui, lui avait arraché un sourire serein. « Hello ! » Il avait ce regard complice comme à chaque fois, mais tout de suite il voyait que ça n'allait qu'à sens unique. Il y avait comme une barrière qu'il ne pouvait briser. D'ailleurs en parlant de briser, c'était son coeur qui en prenait un coup sur le moment. Il s'avança timidement et lui tendit la boite de chocolats en s'approchant d'elle. « Je peux.. » Poser des mots là-dessus était difficile, du coup ses lèvres vinrent à se poser à sa tempe pour un baiser bref. Il n'aurait peut-être pas du, après tout il n'était qu'un étranger à ce moment précis à ses yeux mais en temps normal il en aurait fait bien plus après tant d'absence alors il voulait ne pas avoir à s'en excuser.

Ce qui est en train de se passer, ne me ressemble pas mais je ne sais pas comment me comporter avec lui sachant que je ne me souviens de rien et que tout ce que j'ai marqué dans mes carnets, se sont de brèves expériences. Enfin, il n'y a pas de détails. Ça tombe, je suis emportée dans mes écrits, je n'en sais rien mais une chose est sur, je vois à sa mine que je lui fais du mal et j'aimerais rattraper les choses. Faut qu'on apprenne à se connaître, de nouveau. Quand il me salut, je vois de la complicité dans son regard et un sourire sincère qui m'en extirpe un également. Cette fameuse barrière qui nous sépare peut-être rompu, faut juste laisser le temps faire. Avec Freddy, ça a prit une demie-heure car durant ce laps de temps, il a stimulé ma mémoire, en quelque sorte et ça m'a permis de retrouver quelques souvenirs. Je progresse de ce côté-là. Je hoche la tête et prend la boîte de chocolats qu'il me tend. Merci beaucoup, j'adore les chocolat, sauf quand il tombe sur mes hanches. Je ris doucement et l'une de mes mains se pose sur sa hanche quand il vient m'embrasser sur la tempe. Je m'excuse, j'ai un peu de mal avec mes souvenirs ... Tu sais ...

Elíaz aurait beau vous dire qu'il s'était préparé à l'idée de la voir différente, face à elle c'était bien plus difficile, et ce, pour la simple raison qu'il ne l'avait pas vu depuis des mois. Elle lui avait manqué, et revenir sans pouvoir la retrouver n'était pas tâche simple à accepter. « Tu as, et tu as toujours eu une parfaite silhouette, ceux ne sont pas deux ou trois chocolats qui vont changer ça. » Dit-il confiant, et persuadé qu'il disait vrai. Patiemment il était là à attendre qu'elle entre à l'intérieur pour l'y suivre, et quand elle vint à reprendre la parole, il finit un léger non de la tête tout en la regardant. « Tu n'as pas à t'excuser, ça finira par revenir je le sais. » Pour le moins qu'on puisse dire il voulait imposer l'espoir qu'il avait, et l'idée qu'il maintenait le fait qu'il ne voyait pas les choses autrement. C'était pour lui bien plus que clair. Cela dit il s'en voulait bizarrement, il avait comme le sentiment de l'avoir abandonné.

J'ai un peu de mal à me dire que cet homme a été mon meilleur-ami et qu'il ai encore mais que je ne le reconnais pas. J'ai honte en fait car d'après ce que j'ai lu, nous étions très proche lui et moi et à en juger les photos, nous avions une relation je dirais même, fusionnelle. Je le laisse entrer et referme la porte derrière nous, souriant à ce qu'il dit. Tu sais parler aux femmes toi. Je t'en prie, entre, rejoins le salon. Ma mémoire finira par revenir, c'est clair mais j'ai besoin de la stimuler et Elíaz pourra surement m'aider en me racontant quelques petites choses nous concernant. Il suffit qu'on parle, pour me faire réagir. J'espère. Quand nous entrons dans le salon, je l'invite à s'assoir et m'assied à côté de lui, sur le canapé. Je plonge mon regard dans le sien et dit : Je sais que je te fais du mal avec cette situation, je le vois sur ton visage mais y a qu'un seul remède pour ma guérison. Stimuler ma mémoire ...