Au volant de sa voiture, Nolan partait en direction de la villa de Célia. Il connaissait le chemin et pourtant, il ne l'avait pas forcément fait très souvent, mais le peu de fois qu'il était allé chez elle, ce n'était pas pour n'importe quelle raison… à croire que dans un sens, sa villa était un lieu pour marquer certains points de sa vie. Après tout la première fois qu'il était venu chez elle, c'était pour leurs retrouvailles après il ne savait plus combien de temps, le fameux soir où elle l'avait vu sur cette place et qu'il avait dit son prénom. Aujourd'hui, il se demande encore parfois ce qu'il se serait passé s'il n'avait pas dit Célia au moment où elle s'était retournée. Il se demandait si elle serait encore avec Sandro ou si ce serait elle qui serait revenue sur ses pas pour lui parler. Le destin avait fait que Nolan n'avait pas pu la laisser partir et c'était la meilleure décision de sa vie. Car lors de sa deuxième visite chez Célia, ce fut pour des excuses, mais c'était aussi le jour où il a retrouvé du travail et grâce à celle qui occupait ses pensées depuis qu'il avait quitté L.A. à cause de raisons stupides. La troisième fois, ce fut après cette fameuse séance de photos, une nuit qui avait été mouvementée et qui lui avait fait prendre conscience de ses sentiments pour elle. Il en avait brisé la paroi de la douche avant de tenter de mettre les choses au clair avec Célia, la laissant choisir entre sa relation actuelle ou celle qu'elle pourrait avoir avec lui… et elle l'avait choisi. Elle était venue le chercher sans savoir où il était réellement. C'est en repensant à ce fameux soir où il l'avait vue dans cette rue qu'il avait honte d'être parti. Elle avait quitté un mec pour lui et qu'avait-il trouvé de mieux à faire? Se tirer…
Il s'était tiré et le pire dans tout ça, c'est que ses raisons étaient loin d'être bonnes, il n'avait rien pour se défendre si ce n'est d'avouer que c'était un enfoiré. Il ne savait même pas comment il allait pouvoir se faire pardonner, au fond il ne savait même pas si elle désirerait le laisser entrer dans sa vie mais au fond, il ne lâcherait pas. Il l'aimait, c'était plus qu'une certitude, ce moment de doute lorsqu'il était parti était une erreur, un coup de pression face à tout ce qui l'attendait et malheureusement, il avait oublié que Célia lui avait promis d'être là e de l'aider. Peut-être avait-il honte d'être soutenu par sa petite-amie pour se remettre dans les bons rails? Il aurait voulu trouver une réponse à ça mais il n'en savait rien et ça le tuait. Il avait espéré qu'en rencontrant la meilleure amie de Célia, il se trouverait quelque chose à défendre, qu'il verrait plus clair dans sa situation mais autant dire que le trou dans lequel il était s'était agrandi. Célia n'était pas célibataire, Célia ne sortait pas avec un mec banal, elle sortait avec un mec qui avait un gosse, certainement un plus pour Célia. Il l'imaginait se confier à ce mec par rapport à ses doutes sur Lou, à cette gamine que Nolan n'avait vu qu'une fois. Il n'avait même pas passé de temps avec cette fille si ce n'est de la coucher un après-midi. Nolan n'était rien à côté de cet homme, il avait peut-être un boulot maintenant, même deux, mais ça ne faisait pas de lui quelqu'un de changer. Il avait un appartement et savait se gérer et? Etait-il capable de gérer une enfant? Il n'en savait rien mais il était prêt à le faire et non pas à prendre peur et à fuir comme il l'avait fait.
S'il n'avait pas de manières de se défendre, il avait de quoi faire ses preuves face à Célia, il allait devoir se dépasser et être patient. Il allait devoir être convaincant et sincère, comme il l'avait toujours été. Au fond il savait qu'il souffrirait de vouloir la récupérer, Célia ne lui ferait aucun cadeau. Elle profiterait de la moindre erreurs et encore, peut-être même qu'elle ne comptait pas lui laisser de chance, qu'elle l'empêcherait de se réintroduire dans sa vie. En venant chez elle, il n'avait rien pris, il était juste venu avec sa personne et ses explications. Il redoutait dans un sens de la voir après tout ce temps, mais il devait assumer son erreur et la réparer, c'était le seul moyen pour pouvoir retrouver Célia. Il avait finalement arrêté sa voiture dans l'allée, avant d'en sortir et de voir la villa de la belle hispanique. Montant les quelques marches pour arriver à la porte, il n'avait même pas osé jeter un coup d'œil dans le salon pour savoir si elle était là, il n'avait pas envie de la voir dans le salon et commencer à réfléchir… De toute façon il devait penser qu'à une chose, arriver à ce qu'elle l'écoute. Tandis qu'il jetait un coup d'œil derrière lui, il entreprit de sonner tout en laissant son regard tomber sur le paillasson, tandis qu'il plaça un doigt sur le judas de la porte, afin qu'il ait des chances à ce qu'elle ouvre la porte.

En entendant la poignée se baisser, Nolan avait été surpris de tomber sur Lou. En fait il resta silencieux l'espace de quelques secondes avant de s'abaisser gentiment et de saluer Lou. Celle-ci lui répondit en mangeant sa réponse ce qui eut l'effet de faire sourire Nolan. Ce dernier n'avait pas réellement regardé où était Célia, étrangement voir Lou le fit respirer l'espace de quelques secondes. Dire qu'il était parti à cause d'elle ou plutôt, qu'il avait eu peur de ne pas être à la hauteur, il avait juste envie de s'excuser auprès de cette fille. A la voir, elle ne se rappelait plus de Nolan et pour cause, elle ne l'avait vu qu'une seule fois et elle était en train de manger des crêpes que lui avait préparé Célia. C'était d'ailleurs le jour où Nolan était sorti de chez le coiffeur, où il s'était rasé et qu'il s'était habillé avec de nouveaux habits, cette journée avait été un peu comme le lancement de Nolan dans la vie active et non pas comme SDF. Il s'attarda quelques secondes sur les petites mains que Lou tortillaient, lui souriant toujours de cette manière timide qui la rendait encore plus mignonne. Baissant quelques instants le regard, il se mit à rigoler face à la situation. Seulement les choses ne durèrent pas longtemps car au moment où son regard se reposa sur Lou, il la vit se retourner et Célia le regarder. Il se redressa presque aussitôt, ne disant strictement rien. L'expression de la jeune femme en disait assez long et le moindre mot qu'il dirait la mettrait hors d'elle. De plus Nolan n'avait pas l'intention de parler devant Lou, s'il était venu aussi tard c'était en pensant que sa fille serait déjà couchée, malheureusement il n'avait pas vu juste.
Il sentit quelque chose lui prendre les poumons lorsque Célia se retourna définitivement vers lui, une veste dans la main tandis qu'elle referma la porte derrière elle. Les yeux de Nolan restèrent dans ceux de la jeune femme et pourtant il aurait tout fait pour pouvoir les poser ailleurs et éviter de comprendre tout ce que ressentait Célia. Après tout il le savait, il ne s'était pas imaginé des choses bien joyeuses et il avait vu juste, après tout qui aurait vu les choses autrement après ce qu'il avait fait? Prenant une inspiration, il avait voulu dire quelque chose mais il en était incapable, il était même incapable de s'attarder sur les traits de Célia tellement il se sentait mal à l'aise d'être venu là. Non pas qu'il regrettait sa décision, mais Célia dégageait assez de choses pour qu'il comprenne qu'il n'était pas le bienvenu et sa première baffe en fut un premier signe. D'ailleurs il n'eut même pas le temps de se rendre compte de la chose qu'elle lui en offre une deuxième et tout aussi violente. Ses yeux se levèrent vers le ciel et c'était loin d'être de l'exaspération, mais plutôt une manière de supplier celui qui était au-dessus de lui afin qu'il puisse au moins placer un mot avant qu'elle ne lui détruire la mâchoire.
Son regard retomba finalement sur le visage de Célia et il remarqua alors l'expression de son visage, de ses yeux et même de sa manière de serrer ses lèvres. C'était loin d'être de la tristesse mais de la haine pure et dure. Il se mordit la langue pour se retenir de dire quoique ce soit, après tout seul un imbécile prendrait la parole après avoir reçu deux baffes, qui ne comprenait pas que deux baffes étaient synonyme de se la fermer et d'écouter sans dire un mot? Nolan le comprenait lui et Célia était assez convaincante dans le genre, presque trop, mais là n'était pas le problème. Le problème c'est que sa connerie avait touché Célia à un point qu'il n'avait même pas l'impression de la reconnaître. Il l'écoutait sans jamais rompre le contact qu'ils avaient entre leur regard, il n'avait pas envie de le poser ailleurs, il se devait de l'écouter et de lui montrer qu'il était prêt à tout entendre. Malheureusement pour lui, il avait beaucoup moins de choses à lui dire et il en resta même muet dans un premier temps… après tout que pouvait-il lui répondre? Qu'elle devait se calmer? Qu'elle ne devait pas lui parler de la sorte? Il n'était pas con non plus, il n'allait pas lui reprocher de parler de la sorte alors qu'en ce moment, elle avait toutes les raisons du monde de lui faire des reproches ou de chercher à le rabaisser… et il acceptait, le pire c'est qu'il n'était pas énervé, mais il était tout simplement impuissant face à elle.
Entendre ce qu'elle disait le détruisait, pourtant il s'y était préparé et malgré que l'impact était bien plus douloureux, il restait debout, il ne lâchait son regard et la regardait. Il était immobile et entendait les choses se répéter des dizaines de fois au fond de lui. Il y avait des choses qui restaient plus que d'autres, et c'était celles qui faisaient le plus mal. L'entendre parler de lui comme ça alors qu'ils se connaissaient depuis longtemps et qu'ils avaient partagé autant de moments n'en était que plus douloureux mais il n'arrivait même pas à s'énerver contre elle, il en était incapable et c'en était presque rageant dans un sens. Lorsqu'elle eut terminé, il acquiesça, il la regarda et se recula avant de se retourner et de glisser une main dans sa poche pour sortir les clefs de sa voiture. Après quelques pas et avoir déverrouillé les portes de sa voiture, il s'arrêta. Après tout il n'était pas venu là pour repartir sans rien dire et ce serait trop facile pour Célia. C'était pas en partant qu'il lui montrerait qu'il s'en voulait et qu'il tenait à s'excuser. Verrouillant les portes de sa voiture à distance, il se retourna finalement et baissa la tête afin d'imaginer ce qu'il pourrait lui dire. Remettant les clefs dans sa poche, il releva gentiment son regard vers Célia qui le regardait. Son expression n'avait pas changé, il avait l'impression de faire face à un mur. En arrivant à sa hauteur, ou à un bon mètre d'elle plutôt, il passa sa langue sur ses lèvres et haussa les épaules tout en la regardant.

«J'ai mis trois mois à comprendre pourquoi j'étais parti, et la raison c'est parce que j'ai été con. J'ai été con car lorsque tu es partie chercher Lou ce matin-là, j'ai commencé à flipper. J'ai commencé à repenser à ce que notre relation impliquait et j'ai cru que j'étais incapable d'occuper la place que j'avais. J'ai tellement réfléchi que j'ai oublié le plus important. J'ai oublié que tu m'avais dit que tu étais prête à prendre ton temps pour notre relation, que tu m'épauleras au moment où j'en aurais besoin. J'ai oublié tout ça et je me suis cassé. Je ne suis pas venu pour te dire que j'ai eu mes raisons, car je n'en avais pas. J'ai complètement foiré ce que j'avais envie de construire avec toi et je voulais m'excuser, sincèrement Célia» Et pour une fois, s'excuser n'était pas un problème, car il avait ses torts. Il savait que ce qu'il avait dit n'allait en rien changer l'état d'esprit de Célia et il le voyait bien. «Et si ces trois derniers mois j'ai pensé à ma connerie, j'ai aussi pensé à toi. J'ai en aucun cas voulu te faire du mal et je ne peux pas te dire pourquoi je ne m'en suis pas rendu compte plus vite. Je te dois beaucoup et pas seulement parce que tu m'as fait sortir de la rue, mais parce que tu m'as donné une chance et que j'ai voulu la saisir… et j'ai foiré. Et j'ai pas envie de foirer cette chance, j'ai pas envie de laisser tomber ce que tu m'as donner il y a trois mois et même si tu me dis que c'est trop tard, que tu rêves de me voir crever, ça ne changera pas mon avis. J'ai pas changé Célia, si ce n'est que maintenant j'ai trouvé un boulot fixe, que j'ai mon appartement et que j'ai perdu la personne avec qui je devrais être en train de partager tout ça, en plus de sa fille.» Suffisant? Il ne fallait pas rêver, car même si c'était le mieux qu'il pouvait faire à l'instant, l'état dans lequel était Célia était tout simplement impossible à changer. Il aurait même pu lui dire les trois mots, elle n'aurait pas réagi… et Nolan, n'aurait pas été capable de les lui dire de toute façon.

Et oui, en trois mois il n'avait trouvé que ça, même lui avait trouvé ça lamentable et le mot était faible. Il savait qu'il n'avait rien pour se défendre et encore moins quelque chose qui pourrait faire impact sur Célia, il avait espéré qu'elle verrait au moins de la culpabilité et qu'il s'en voulait réellement, mais apparemment ça n'avait pas l'air de toucher la jeune femme, bien au contraire elle se permettait même de le remercier, chose encore plus difficile à supporter pour Nolan alors que la seule chose qu'il voulait entendre, c'est qu'elle le pardonnait… et pas pour lui avoir ouvrir les yeux, mais pour ce qu'il avait fait. Dans tout ce qu'elle avait dit, rien n'avait été positif, rien n'avait été dit pour lui permettre de respirer, tout s'était entassé pour que tout ce qu'il commençait à voir au-dessus de sa tête le fasse céder petit-à-petit et le mette carrément à genoux, mais il tenait bon… L'impact des paroles de Célia était énorme et pourtant, il continuait de la regarder, il se refusait de le déposer autre part car il avait envie de lui montrer qu'il n'avait pas peur d'entendre ce qu'elle avait à dire. L'oxygène avait l'air de lui manquer de temps à autres, pas parce qu'il ne pouvait pas respirer mais parce que Célia n'arrêtait pas de parler, elle monopolisait la parole et elle empêchait Nolan de dire quoique ce soit. Elle était impossible à arrêter, c'était une machine qui se contentait de le descendre petit-à-petit, en attaquant point par point chaque désir qu'avait attendu Célia pour avoir une relation. Des désirs qu'elle n'avait pas trouvé avec lui, mais qu'elle avait trouvé aujourd'hui.

«C'est vrai… C'est vrai qu'on a plus couché ensemble qu'autre chose, mais les deux fois où on l'a fait, c'est les deux fois où tu les as commencées… J'aurais pu dire non, mais je ne l'ai pas fait car la première fois j'avais des sentiments pour toi alors que toi, c'était différent, c'était physique. C'est toi qui m'as fait croire en quelque chose en couchant avec moi et puis je t'ai tout avoué et t'as douté… Et puis on a couché une deuxième fois, car apparemment je n'étais pas le seul à ressentir ce que je ressentais pour toi, mais dans le fond, c'est moi qui ai perdu mon honneur, car j'ai couché pour une femme qui ne m'aimait pas dès le début alors que je le croyais. Mais je ne t'en veux pas, car ça m'a permis d'avoir ce que je désirais et c'était une relation avec toi et j'en ai encore envie… tu peux dire ce que tu voudras, j'arriverai pas à t'en vouloir de dire que tu me dis car je le mérite amplement»

Facile? Non, il n'avait pas tort dans un sens et Célia ne pouvait pas le nier. Peut-être avait-elle fait le premier pas pour qu'ils couchent ensemble, mais ce n'était pas lui qui avait demandé à ce qu'elle lui fasse l'amour, c'était elle. C'était elle qui avait utilisé des mots qui l'avais fait rêver et au final elle avait eu raison. Peut-être que pour elle non, mais ça l'a poussé à faire le premier pas et à agir différemment. Faire le premier pas ce n'était pas rien, c'était même beaucoup et son honneur en a pris un coup. Lui avait perdu son honneur durant plusieurs heures jusqu'à ce qu'elle lui dise qu'elle avait trouvé ce qu'il lui fallait, mais c'est lui qui avait fait ce qu'elle n'aurait certainement jamais fait. S'il avait dit ça à Célia, ce n'était pas pour qu'elle s'excuse, c'était juste pour qu'elle se remette en question sur certaines choses car même si Nolan était le plus grand des cons, il n'avait pas non plus tout fait faux si ce n'est cette erreur. Avant leur relation, il avait fait beaucoup de choses pour prouver à Célia qu'il pouvait être celui qu'il fallait et elle n'avait en aucun cas le droit qu'il l'avait utilisée comme une autre femme. S'il l'avait utilisée, il l'aurait manipulée et donc menti, mais il n'avait rien fait de ça. Pourquoi lui aurait-il menti sur ses sentiments alors que c'était quelque chose qu'il avait déjà de la peine à s'avouer tout seul? Pourquoi avait-il accepté de jouer les mannequins? Uniquement pour que Célia remarque qu'il était prêt à faire des sacrifices pour remonter la pente et lorsqu'il avait dit qu'il était prêt à tout affronter pour être avec elle, il le pensait aussi. S'il était devant elle aujourd'hui, c'était pour lui le prouver car même cette haine qu'elle avait envers lui ne le ferait pas douter, ni même ce mec qui a un gosse.

«Tu essaies de faire quoi Célia? Tu essaies de faire passer notre relation pour de la merde? Tu crois que c'est parce que je suis parti après moins de vingt-quatre heures que notre relation était minable? Pourquoi tu cherches à faire ça? Je suis d'accord à tout entendre mais pas ça. Comme t'as pas le droit que j'ai joué avec toi, car jamais je ne me le serais permis. Jamais j'aurais joué les mannequin pour remonter la pente, mais je l'ai fait pour te prouver des choses. J'ai littéralement oublié qui j'étais pour te montrer que je t'aimais et c'est pour ça que tu es sorti avec moi, car tu sais que je pouvais changer, que je pouvais faire des efforts qu'importe la situation. C'est clair que je suis moins responsable que Noah et son fils, je sais aussi que j'ai beaucoup moins à apporter que lui à ta fille mais je sais que j'aurais pu réussir et encore maintenant je m'en sens capable. T'as pas le droit de réduire notre relation à de la merde et au fond, je sais pourquoi tu le fais… parce que t'as pas envie de te dire que les choses avaient l'air belles, t'as pas envie de penser que l'enfoiré qui t'a quitté aurait pu t'apporter quelque chose car ça te dégoûte.»

Il aurait pu en dire plus mais à quoi bon? Il préférait en dire peu et la faire réfléchir un minimum que lui envoyer boulet sur boulet, quoique ce n'était pas des boulets, mais des petites réflexions qu'elle prendrait en compte ou non et au fond, il espérait que Célia n'avait pas changé au point de ne plus s'en soucier. Il baissa son regard pour la première fois alors qu'elle lui parlait, c'en était trop pour lui et il s'en pinça les lèvres. Il tentait de sourire pour se dire que c'était normal et qu'il le méritait, mais Célia en faisait plus, ce n'était même pas de la vengeance, c'était pire… elle cherchait simplement à faire comme si elle ne l'avait jamais apprécié ou aimé. Ils avaient été meilleurs amis et même si cette boulette pouvait avoir créé des dommages, personne n'aurait été aussi dur, la jeune femme avait cherché à dépasser les limites et elle l'avait fait propre en ordre. La voir se radoucir ne l'avait pas réellement fait changer d'avis, ce n'était pas Célia en face de lui et même si au fond il l'aimait toujours, il ne pouvait pas rester le mec qui riposte avec gentillesse, il devait montrer qu'il était présent et que lui pouvait aussi des points sensibles et lorsqu'elle lui dit qu'elle n'avait rien d'autres à ajouter, il lui adressa un sourire, et se mit même à rire l'espace de quelques secondes. Haussant discrètement les sourcils, il la regarda et cette fois-ci c'était lui était plus froid.

«Tu sais… j'ai toujours pensé que j'étais le pire des salauds et dans un sens je savais que tu ne me ferais pas de cadeau. Mais j'avais pas pensé que tu dirais autant de trucs dans l'intention de te prouver que je ne suis rien. Et je n'ai rien à ajouter non plus, je suis venu te présenter mes excuses car c'était la seule chose que je pouvais faire. Je ne suis pas venu me chercher des raisons tu vois, parce que je sais je n'en ai pas et c'est ça le pire. J'aurais voulu t'en donner mais j'ai rien… et d'un côté je me dis que c'est mieux comme ça car tu aurais réagi de la même manière. Je me demande si tu as vraiment écouté tout ce que je t'ai dit, car j'ai l'impression que ton seul but était d'attaquer tout ce en quoi tu doutais avant notre relation. Tu me compares à ce que je ne suis plus. A quarante-cinq je n'aurai peut-être pas d'enfants, mais je serai le journaliste que je suis aujourd'hui, un mec qui vit sa vie… peut-être même que j'aurai déjà perdu la vie en allant secourir quelqu'un dans un incendie, qui sait? Mais ce que je sais, c'est que je ne serai pas comme tu le dis, j'aurai mon appartement et j'aurai ma vie. Et crois-moi, je ferai en sorte pour que tu en fasses partie… car je ne suis pas prêt de tirer un trait sur notre histoire.»

Il n'avait rien d'autres à dire, après tout qu'est-ce qu'il allait faire? Discuter sur chacun des points qu'elle avait attaqué? C'était une perte de temps, car il était certain qu'au fond, elle savait que c'était faux, ou plutôt il l'espérait. Il avait juste cherché à lui faire comprendre qu'il n'était plus SDF et qu'il ne le sera plus. ll avait un boulot, et un second qui lui permettait de se sentir plus vivant, pour se décoller de ses deux dernières passées où il n'avait rien fait, si ce n'est rendre heureuse une femme pour ensuite la décevoir. En regardant Célia, il sortit doucement ses clés de sa poche et attendit une réponse de sa part ou au contraire, le signal pour qu'il parte d'ici.

En l'entendant rire, Nolan ne comprit pas, qu'avait-il dit? Il l'écouta et secoua presqu'aussitôt la tête, elle n'avait rien compris et au final il se demandait s'il devait chercher à lui faire comprendre où il voulait en venir. Ce n'était pas une histoire de reproche, c'était une histoire de lui faire remarquer que la première fois, lors de la séance photo, elle avait couché avec lui pour la simple et bonne raison qu'elle avait envie de lui, alors que Nolan ressentait quelque chose pour elle. Ce n'était pas lui qui avait cherché à avoir son corps, c'est elle qui avait cherché à lui le donner et c'est ça qu'il voulait qu'elle comprenne. C'était facile de dire qu'il ce qu'elle venait de lui sortir, car si pour elle ça avait été un jeu, pour Nolan ça ne l'avait pas été et c'est pas pour rien qu'il s'était emporté aussi bêtement dans cette salle de bain pour lui montrer ce qu'il ressentait pour elle. Elle interprétait les choses qu'à sa manière et elle ignorait totalement ce que Nolan avait imaginé sur le coup. Que ce soit au moment où elle lui avait demandé de lui faire l'amour ou au moment de lui demander de prendre une douche avec elle. Il avait interprété ça comme des signes et au final, non, elle n'avait fait que chercher à combler des envies et Nolan était prêt à le faire… seulement lui l'avait fait d'une manière différente et c'est pour ça que les choses avaient fini par déraper. Il se mit alors à rire lui aussi, à rire parce que c'en était pathétique de la voir être plus égoïste que lui ne l'avait été en partant. Elle pensait qu'à elle et peut-être que c'était son but, pourquoi penserait-elle à lui d'un côté? Il la regarda quelques secondes sans rien dire, il aurait voulu qu'elle remarque qu'elle répondait à côté de la plaque et qu'elle prenait les choses dans un sens totalement inverse, mais rien.

«Je ne te reproche rien… Car si pour toi ça avait été un jeu, pour moi pas et c'est ça que tu ne comprends pas. Tu penses que j'ai joué avec toi lors de la séance photo, mais je ne faisais que suivre les demandes du photographe. C'est toi qui m'as dit de te prendre, puis de te faire l'amour, et c'est moi qui ai cru que c'était sincère. Pourquoi je me serais mis à imaginer quelque chose sinon? Pourquoi je t'aurais dit ce que je ressentais au moment de prendre cette douche avec toi alors que j'aurais pu continuer à jouer à TON jeu? C'est fou comme les choses sont difficiles à comprendre pour toi, tu parles de notre histoire comme si c'était du cul… encore une fois, c'est moi qui commence à ne plus comprendre»

Nolan la regardait il n'avait même pas envie de continuer car il était dégoûté. Dégoûté de la voir partir dans une direction différente à chaque fois pour le faire passer pour le con de l'histoire. Car malgré tout, avant même que leur relation ne débute, ce n'était pas elle qui avait montré quelque chose, c'était Nolan. Si elle avait décidé de se mettre avec lui, c'était parce qu'il avait su lui montrer certaines choses qui l'avaient convaincues. Après oui, elle avait du faire des choix, mais si Nolan n'avait rien faire, elle serait sûrement en train de vivre avec Sandro, avec Lou. En l'écoutant, il avait l'impression de se replonger trois mois en arrière, il avait entendu exactement le même discours, de ce dont il était incapable de lui apporter. Il baissa le regard et s'en mordit les lèvres. Car deux jours après qu'elle lui ait dit ça, elle lui avait dit qu'elle n'attendait rien de lui, qu'il lui en donnait déjà assez et qu'il ne s'en rendait pas compte. Il s'en rappelait de ses mots car il se sentait mal d'être qu'un SDF quand elle, était une femme assumée. Et pourtant elle l'avait rassuré, elle lui avait dit qu'il n'avait pas besoin de lui apporter autre chose que ce qu'il ressentait pour elle car c'était énorme.

«Justement tu ne m'as rien demandé, et tu insistais pour que je le comprenne. Il y a trois mois, tu t'en foutais que j'étais incapable de certaines choses car tu sais quoi? Tu me disais que tu n'attendais rien de plus de ma part, que je te donnais déjà beaucoup et que je ne m'en rendais pas compte. Tu m'as dit ça Célia, et aujourd'hui tu me ressors que je suis incapable de t'apporter quoique ce soir? Pourquoi tu cherches à me mentir? Ou sinon, pourquoi tu m'as menti en me disant que ce que je pouvais te donner pour le moment te suffisait? Tu peux me le dire? Est-ce que c'est parce que t'as changé ou simplement pour me pousser à croire que je ne vaux rien?»

Nolan se haïssait en ce moment, non pas parce qu'il tentait de faire comprendre certaines choses à Célia, mais parce qu'il l'aimait. Les choses seraient bien plus simples s'il était resté un mec insensible, handicapé des sentiments et incapable de croire en une relation. Il se détestait presque d'aimer une femme qui n'avait fait quelle rabaisser et à le faire passer pour de la merde il y a trois mois. Car au fond, elle cherchait à le réduire à une simple aventure. C'est ce qu'elle voulait car elle n'avait pas envie de penser qu'elle était heureuse avec lui et elle ne voulait surtout pas souffrir à nouveau en repensant à ce qu'il s'était passé après qu'il soit parti. C'était bien plus facile de faire passer quelqu'un pour un con et il se demandait pourquoi il se battait encore. C'était là qu'on était censé utiliser le proverbe que le cœur a ses raisons que la raison ignore? Foutaise. Célia le rabaissait et il pouvait pas s'empêcher de se voir avec elle. Même si la seule chose qu'ils avaient réellement fait après officialisé leur relation avait été un petit-déjeuner, il avait apprécié cette sensation et c'était ça dont il avait besoin. D'avoir Célia avec lui dans son quotidien pour la regarder, lui parler. Se mettre à insinuer des choses absurdes sur un éventuel colocataire ou sur n'importe quel autre homme.

«Je ne suis pas venu ici pour mon estime, ça fait depuis bien longtemps que j'ai appris à m'en foutre, c'est celle des autres qui m'importent et la tienne principalement. Parce que tu sais ce que je suis. Ne fais pas comme si tu m'avais connu qu'en étant le petit-ami qui s'est cassé, on a vécu plus que ça. On a peut-être pas eu de relation avant ça, mais on a été des amis. T'as pas le droit de tirer un trait sur tout parce que j'ai fait une grosse erreur. C'est trop facile de chercher à tout oublier pour une seule chose. Mais ne t'inquiètes pas, je ne comptais pas te harceler, je comptais profiter du temps que tu me laisserais pour te parler mais… au final tu as parlé plus que moi, et on est passé à côté de ce dont je devais te parler. J'avais peut-être pas de raisons à te donner ou beaucoup d'excuses, mais il y avait des choses que j'aurais voulu que tu saches mais comme tu ne veux pas les entendre, alors je ne les dirai pas. Tu es devenue le genre de femme égoïste qui désire penser à elle et à sa famille. Tu tires un trait sur un mec que tu prends plus comme une erreur alors qu'il a passé plusieurs années avec toi comme ami avant qu'il te voie partir pour que tu commences ta vie. Mais apparemment c'est pas assez pour l'écouter…» Il la regarda par la suite ouvrir la porte, il aurait voulu la retenir mais il n'osait même pas imaginer sa réaction en la touchant. «C'est moi qui suis désolé de ne pas avoir pensé à toi en partant, et c'est moi qui suis désolé de ne pas avoir pu tenir ce que je t'avais promis…» Il vit la porte se refermer et il resta un instant à la regarder, silencieux. Son regard avait fini par se baisser et l'envie de frapper à la porte pour qu'elle la rouvre l'avait tenté mais il devait respecter son choix. Peut-être qu'un autre jour, il pourra dire ce qu'il a à dire sans qu'elle ne le descende comme elle avait parfaitement su le faire. Ce soir, elle avait lâché tout ce qu'elle avait eu à lâcher, peut-être que la prochaine fois, elle aura la force de l'écouter. Se retournant, il déverrouilla les portes de sa voiture et s'y installa, avant de démarrer le moteur pour s'en aller.