Story

Une feuille de papier et un crayon.. bon et bien je sais ce que ça signifie, j'imagine qu'il va falloir que j'écrive ma vie de A à Z.. tout en la détaillant évidemment. Franchement, je n'en vois vraiment pas l'utilité, c'est quoi le but final ? Je trouve ce psy bizzare, quel intêret d'écrire l'histoire de ma vie avec une multitudes de détails sachant qu'il m'a promis qu'il ne la lira pas ! Peut-être croit-il qu'un jour je deviendrai célèbre et j'aurais à écrire mes mémoires, et puis je ne trouverais pas le temps, donc autant le faire maintenant...? Enfin bref, j'essaye de ne pas trop me poser de question et de ne pas chercher à comprendre, de toutes façons j'ai pas le choix et c'est pas si terrible que ça en fin de compte, je préfère encore débaler ma vie à un bout de papier que de retourner en Angleterre, ah ça non jamais... Qu'il me renvoie en Angleterre est la pire chose qui pourrait m'arriver, autant faire ce qu'il me demande. Commençons tout d'abord par le commencement..
Je suis née un jour d'avril, le 14 avril 1989 plus précisemment en Angleterre à Londres. J'aime beaucoup mon anniversaire car aux Etats-Unis, le 14 avril est la Journée du Rire, et c'est important pour moi, le rire, j'aime ça, vous comprenez, sourire à la vie. Mes parents ont décidé de m'appeler Cassiopée enfin c'est plutôt ma mère qui a eu l'idée de me donner ce prénom. Vous savez, elle est prof de grec dans un lycée de la capitale, donc pour elle il était absolument normal que je porte un nom de la mythologie grecque ! Mais je ne lui en veut pas, pour avoir fait passer son fanatisme avant l'intérêt d'un prénom "normal" pour son enfant, car du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé mon prénom. C'est original et comme ça je ne passe pas inaperçue. Mais parfois je me rabat un peu sur mon second prénom qui est Lullaby ; je le trouve joli aussi, et simple. Ça, c'était mon père qui voulait. Je remercie donc mes deux parents pour m'avoir donné de si doux prénoms.
Parlons de mon enfance, justement. Oh, elle a été des plus banales, moi on ne me piquait pas mes BN dans la cour de récré, non, mais j'ai toujours eu de la pitié pour ceux à qui ça arrivait, du coup je me retrouvais toujours avec les faibles alors que j'aurais pu avoir pleins de copines populaires et jolies. Par la suite, c'était toujours pareil, au collège, je n'arrivais pas à me faire des amis et les gens me trouvaient bizarres, de part ma façon de m'habiller, et de m'exprimer aussi... Puis, au lycée, je rejoignais enfin ce que je considère encore aujourd'hui comme des amis, un petit groupe de personnes, pas toutes aussi rejetées par le monde que moi, mais tous avaient des problèmes, comme moi. Mon problème ? L'anorexie. Enfin, c'est plutôt un problème pour les autres, car moi, je vis avec, comme si c'était... une partie de moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai arrêté de manger, c'était vers la fin de ma 3è. Pas que le fait de devoir quitter tous ces idiots me donne envie de me faire du mal, loin de là, mais... je ne sais pas. Quand le médecin me demande, je ne sais jamais quoi lui répondre, ni à mon psy. Je crois.. je crois qu'au fond, je faisais ça pour garder un certain contrôle sur les personnes qui m'entouraient ; les parents, les profs, les nouveaux amis au lycée... Et, vous allez trouver ça fou - mais à qui je parle, moi ? - mais, le fait de.. tenir la mort au bout d'une corde, me faisait me sentir plus.. vivante. C'est complètement absurde je sais, mais c'est l'histoire de ma vie. Ensuite, j'ai du recommencer à manger parce que j'allais mourir et que ça, c'était pas drôle. Mes parents, qui n'étaient pourtant pas très riches, ont tout fait pour m'envoyer dans les meilleures cliniques, me présenter aux médecins les plus diplômés, pour un cas qui était pourtant très banal. Comme ils surveillaient attentivement tout ce que j'avalais, j'ai du trouver un autre moyen pour me scarifier. D'abord, j'ai commencé à fumer, bien que je détestais ça, et m'était promise étant jeune de ne jamais commencer ; ainsi je me mentais à moi-même, je ne pouvais même plus me faire confiance. Ensuite, je suis tombée amoureuse des pills et de la vodka ; la drogue et l'alcool me faisaient sentir comme une vraie loque humaine - que j'étais. Au bout d'un moment, mes parents ont bien fini par s'en rendre compte, et alors, ils ont fait ce que font tous les parents qui aiment leurs enfants mais ne veulent pas trop en faire ; ils m'ont envoyé en clinique 7/7. J'ai du arrêter les cours, dire adieu à mes amis, car les visites étaient autorisées uniquement à la famille, et encore... Quand je ressortais de cet enfer, j'avais l'air totalement changée en apparence, mais pas de l'intérieur. Mes parents étaient tellement heureux de me retrouver "en pleine santé", que, par pure ironie, ils m'envoyèrent à l'autre bout de la planète 3 mois plus tard ! J'avais réussi à passer mon Bac en rattrapage, et ils m'avaient trouvé une place dans l'une des universités les plus prestigieuses de NY. Je ne sais toujours pas comment ils s'y sont pris, ni pourquoi ; j'aurais pu faire de grandes études dans une université d'Angleterre, mais nan, il fallait absolument qu'ils m'exilent sur une terre inconnue ! Je leur en ai voulu, oui, mais aujourd'hui ça va. Je les remercierai presque. Depuis la fin de mes études je suis allée à Los Angeles et je suis à présent photographe, le métier de mes rêves. Les gens ici sont très tolérants et je me suis rapidement faite de nouveaux amis, même s'ils ne remplacent pas ceux que j'avais à Londres... Au moins, ici, on ne contrôle pas mon poids au gramme près, même si je continue d'être suivie par un psy. J'ai repris goût à la vie, et c'est le principal. Maintenant, place à l'avenir.