Un jour sans rien à faire. Sans programme particulier. Sans personne à voir. Matt avait envie de faire un peu de sport. Mais c'était toujours pareil, courir, jouer au basket... Il voulait changer un peu, trouver une activité qui sortait de l'ordinaire. Alors il avait pensé à la patinoire. C'était un sport de la saison, et en plus il avait toujours adoré les sports de glisse. Adolescent, il était toujours sur son skate ou ses rollers. Et le roller, c'est comme les patins à glace. Et ça ne s'oublie pas ! Mais il n'avait pas de patins à lui, il allait devoir en prendre là-bas. Les vieux patins moches en plastique. Que 36 000 personnes ont mit avant. Heureusement que Matt n'était pas un fan de la propreté. Il donna ses vieilles converses et les échangea contre les patins. Il était habillé simplement. Quand on est une rockstar et qu'on doit tous les jours mettre des tenues extravagantes sur scène, on aime bien mettre des vieux trucs dans lesquels on se sent à l'aise quand on a du temps libre... Un jeans et un sweat à capuche noir, et il avait mit la capuche. Au cas où des fans du groupe passaient par là, elles ne le reconnaîtraient pas. Ouais il pouvait toujours rêver. Disons que ses yeux bleus et ses cheveux en bataille étaient moins voyants donc il n'était pas reconnaissable de loin. Il pouvait toujours rêver... Il serra les patins au maximum. Et voilà ses pauvres pieds allaient souffrir le martyr. En sortant il allait avoir les pieds en compote. Il marchait de manière très ridicule avec les patins, et atteint la glace. Là ça allait tout de suite beaucoup mieux. Comme prévu il n'avait pas perdu la main, et il était toujours aussi doué. Il se laissa aller tranquillement sur la glace. Pas besoin d'aller vite ou de foncer entre les gens...

Seulement, ce n’était pas mon truc à moi, la lenteur.
J’ai toujours été celle qui voulait aller vite, faire les choses vites. Dès la maternelle, on m’a appelé « Speede Gonzalez ». J’avais toujours fini avant les choses, je ne voulais pas que ça dure des heures. Vite fait, bien fait comme on dit. Alors lorsque je mets des patins …
J’ai eu du mal à dormir, je me suis d’ailleurs levée tôt. Je n’ai pas ressenti la fatigue de suite mais plus tot vers le début d’après-midi et je me suis pas priée pour faire une petite sieste d’une heure. De la nuit, j’ai vu tous les chiffres de mon réveil, les minutes défilaient devant mes yeux. Je me suis même levée à 1h pour aller manger quelques cuillérées de Nutella et fumer une bonne clope. J’ai compté les lattes du plafond, puis je me suis dit que peut-être, j’en avais oublié une, et j’ai recompté.
Je n’avais rien prévu cette après-midi. Mais je savais que si je voulais dormir au soir, il fallait que je m’épuise. Devant la patinoire, j’ai fumé une dernière cigarette, jetant mon mégot dans la bouche d’égout je me suis dirigée à l’intérieur. Payé mon ticket. Pris mes patins. J’ai toujours eu difficile à les nouer et d’ailleurs après l’avoir fait, mes mains étaient rouge à force d’avoir tiré.
Premier patin sur la glace. Un coup, deux coups. Ça fait longtemps mais je n’ai pas perdu la main, ça revient, d’un coup. Je m’y mets, j’avance, je dépasse. Je fonce.
J’ai failli le faire tomber. Je me suis retournée pour m’excuser d’un salut de la main. Mais je me suis arrêtée, je n’ai pas pu. Je l’ai regardé, fixement, sans rien dire.

Matt se laisser aller tranquillement sur la glace. Il faisait froid, beaucoup plus froid que dehors. Ils avaient le droit à un été plutôt doux cette année. La glace brillait sous les traces laissées par les patins. Il n'était pas vraiment concentré, il laissait son esprit divaguer. Il pensait à tout et à rien. Il pensait à Darcy, aux concerts, au groupe, à ce qu'il allait manger ce soir... Bref à tellement de choses... Du coup il ne regardait pas les gens autour de lui, il se laissait aller dans le mouvement, il n'y avait pas beaucoup de risques. Sauf qu'il n'avait pas pensé qu'on pouvait le bousculer, et une fille passa à toute vitesse à côté de lui, manquant de le faire tomber. Mais il se rattrapa au dernier moment et réussit à garder l'équilibre. Il regarda la jeune fille le dépasser, près à l'envoyer chier. Elle pouvait pas faire attention non ? Y a des enfants dans une patinoire ! C'est super dangereux ce qu'elle faisait. Elle se retourna et le regarda fixement. Elle était... Belle. Elle avait l'air un peu... Comment dire... Sauvage. Elle était très intrigante. Oui c'était ça le mot. Il avait envie de lui dire quelque chose. Mais il ne savait pas quoi dire... Alors il se contenta de:

« Fais attention... »

D'une petite voix. Et il tourna sur le côté pour aller s'adosser aux parois de la patinoire. Il avait besoin de s'arrêter un peu là...