« Lilly-Rose et Scylla »

C'est juste une nuit comme une autre...

Mes talons brisent le silence de la nuit au fur et à mesure qu’ils tapent contre le sol. Je fais les cent pas sur le trottoir qui m’a été attribué pour la nuit, impatiente. Impatiente de me retrouver bien au chaud surtout oui, peu importe le pervers avec qui j’allais me retrouver. Resserrant mes bras contre moi, je renifle un peu et me colle contre le mur. Bien, s’il n’y en a pas un qui s’arrête en une demi-heure, je vais vraiment finir frigorifiée…Entendant le moteur d’une voiture derrière moi, je me retourne, presque comme un automatisme plutôt qu’autre chose, mais c’est une mine déconfite que j’arbore en revoyant la voiture repartir de plus belle, prenant bien le soin d’accélérer devant moi, et dont j’entends de là les occupants rire à gorge déployée. Tu aurais pu t’arrêter, du con. Soupirant, je passe une main dans mes cheveux alors que je recommence mon petit cirque : c’est-à-dire refaire le trottoir de long en large. Au moins, marcher me tient chaud. Je n’ai aucune idée du pourquoi Phoenix m’a envoyé là ce soir, est-ce qu’il me surveille ? Pourtant, je suis une des seules, pour ne pas dire LA seule à faire correctement mon travail, je sais qu’il est content de moi, il me l’a déjà dit, et pas qu’une fois, alors pourquoi m’aurait-il envoyé ici en guise de ‘punition’ ?

Trouvant le temps décidément beaucoup trop long à mon goût, je pousse un long soupir avant de décider de rejoindre le cœur du centre-ville. Tant pis, si mon mac est dans un coin à surveiller le moindre de mes faits et gestes. Il veut que je donne l’exemple ? Très bien, première leçon : si le client ne vient pas à toi, viens au client, et c’est exactement ce que je m’apprêtais à faire. Ne prêtant aucune attention aux regards que je sens pesants sur moi malgré l’heure tardive, je me dirige vers la boite de nuit de la ville, d’où émane déjà le son fort de la musique. Je regarde l’enseigne, une lueur d’envie dans le regard, avant de le poser sur les tenues sur celles de certaines filles, et ensuite de la mienne. Boh…À peu de choses près, c’est presque la même, et en me fondant dans la masse, il y a peu de chances que je me fasse éjecter, bien au contraire. Laissant un sourire en coin apparaître sur mon visage, j’entre alors dans la discothèque, balaye la piste d’un regard avant de me diriger vers le bar et de me hisser sur l’un des tabourets, attendant mon tour pour passer commande.