J'avais rarement passé une nuit aussi difficile. Je n'arrêtais pas de me retourner dans mon lit, mais j'avais une raison particulière. La veille, j'avais malencontreusement fait tomber la boîte à souvenirs où j'avais déposé toutes les photos, lettres, accessoires qui me rappelaient mon meilleur ami du Portugal, Gabriel. Depuis que je l'avais quitté, ce qui avait été une déchirure pour moi, j'avais décidé d'enterrer tout ce qui me rappelait lui. En cherchant quelque chose au dessus de mon armoir, la petite boîte rose bonbon que je gardais s'était retrouvée sur le sol. J'avais ouvert le couvercle et j'étais tombée sur une photo de lui et moi, au lac. Il avait l'air rayonnant, et de le voir comme cela me rappelait à quel point il me rendait heureuse.
Il me manquait, il me manquait énormément. Mais tous les jours je m'efforçait de ne plus penser à lui, bien que ce soit une chose totalement impossible. Je me mentais à moi-même, mais les sentiments étaient malheureusement toujours là. Voilà un an. Un an que j'avais abondonné la personne la plus merveilleuse que j'aie jamais rencontré, la personne que j'appelais l'homme de ma vie, bien qu'il ne soit qu'un ami. Je n'avais jamais aimé un homme de cette façon, pas même mon père.
En une soirée, en quelques secondes, rien qu'à l'ouverture d'une boîte en carton, il m'avait à nouveau complètement reconquise. Je ne pensais plus qu'à lui. Il se promenait dans ma tête comme une chanson trop souvent écoutée. Gabriel me hantait.

Il devait être 6h du matin, quand je décidai de sortir de mon lit. Après tout, j'avais usé la totalité de mes paquets de mouchoirs en papier, et malgré le lourd poids de mes paupières, mes yeux refusaient de se fermer. Le sommeil ne me venait pas. J'avais donc décidé d'aller près du lac. Pourquoi particulièrement le lac? Avant de partir de Lisbonne, Gabriel et moi s'étaient justement retrouvés près d'un petit lac où on aimait se rejoindre. Il m'avait adorablement avoué que, quel que soit le minuscule petit courant d'eau que j'apercevais, je devais penser à lui, car, d'après lui, son amitié pour moi était aussi éternel que l'assèchement des océans. Et j'y croyais, à ses bétises. J'y croyais de tout mon cœur.

J'enfilai rapidement un jogging noir et un simple t-shirt, je coiffai mes cheveux puis je sortis. J'avais beau avoir une réputation de "barbie", de bimbo (telle était l'étiquette que les gens me collaient), certains jours ne m'inspiraient pas plus que cela, comme aujourd'hui. Je n'oubliai pas d'emporter avec moi la lettre qu'il m'avait sagement écrit ; je pourrais la relire des centaines de millions de fois.

Le lac ne se trouvait pas très loin de chez moi. Quelques pas, et j'y arrivai. Je m'assis dans l'herbe, les genoux pliés, et je contemplai l'eau qui reflêtait le magnifique couché de soleil. Les larmes me montaient aux yeux, et je ne pouvais rien faire pour les en empêcher.
J'adorais cet endroit. En plus de me rappeler Gabriel, il était toujours très calme et apaisant. On pouvait y réfléchir pendant des heures sans être dérangé par qui que ce soit. Du moins, la plupart du temps...

L'avion de Gabriel avait atteri la veille dans la soirée, le jeune homme venait de passer une nuit horrible dans la chambre d'un hôtel de Los Angeles. Pendant toutes ces kongues heures à se tourner et à se retourner dans son lit, il n'avait fait que refléchir. La raison de son voyage était évidente, il voulait à tout prix retrouver celle qu'il aimait désespérément depuis plusieurs années. Mais il n'avait aucune idée de l'endroit où il la trouverait, du métier qu'elle était susceptible de pratiquer, ... Rien. Le jeune homme était complètement perdu et ne savait absolument pas par où commencer. Fatigué par le voyage, submergé par la solitude et l'insuiètude de ne pas la revoir, une larmes roula sur sa joue et il s'empressa de l'effacer du revers de la main. Un homme ne pleurait pas ! Sauf que lui ca lui arrivait de temps à autre, mis il se devait de cacher sa sensibilité du regard des autres personnes qui le jugeraient comme "mauviette". Gabriel savait que seul Vitoria ne le jugerait jamais pour son intelligence, sa sensibilité ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Et il s'agit d'une des raisons pour laquelle il est persuadé que c'est elle ...

Après des congitations de cerveau nocturnes infinies, il décida de se lever et une fois devant le miroir se mit à s'en vouloir. Mais qu'est ce qu'il lui avait prit de la laisser partir comme ca ? Pourquoi est-ce qu'il n'avait pas eu le cran de lui avouer ses sentiments ? Par peur ... Peur de la perdre en tant qu'amie parce qu'il n'était absolument pas certain que les sentiments qu'il éprouvait pour la jeune femme soient réciproques. Enfaite, il était même presque sûr d'être le seul à envisager leur avenir ensemble. Pendant toute cette année passée loin d'elle il n'avat fait qu'imaginer chaque soir dans son lit comment ils pourraient vivre de leur amour, ils se verraient tous les jours et à chaque fois il serait content de la retrouver à un tel point de ne plus vouloir la lâcher. Ces douzes moi avaient été les plus longs de toute son existence. Gabriel vivait dans le manque. Comme si un trou immense se creusait un petit peu plus pronfondément en lui à chaque jour qu'il passait loin d'elle, trop loin ...

Fraichement douché, le jeune homme s'habilla comme à son habitude de manière décontractée. Un jeans et une chemise à carreau dans les tons bleus seraient parfait. Un petit coup dans les cheveux, un soupçon de parfum et le tour était joué. Quittant l'hôtel, il se mit à marcher dans la rue sans savoir où aller.
Le jeune homme passa devant ce qui semblait ressembler à un parc, ou peut-être un lac ou autre. Enfin, bref, c'était vert. Grand amoureux de la nature, il y entra et se mit à arpenter les sentiers de gravier sous un soleil qui se levait à peine. Ca lui refit penser à elle. Ils avaient l'habitude de se rendre dans se genre d'endroit parce qu'ils s'y sentaient à l'aise tous les deux et que leur complicité les amenaient à passer beaucoup de temps ensemble. Tourant le regard vers l'eau, Gabriel aperçu une jeune femme assise dans l'herbe. Il faillit se mettre à courrir dans sa direction. Elle lui ressemblait tellement qu'il avait cru la voir. Mais c'était impossible parce que ca releverait du miracle qu'il la retrouve aussi facilement et aussi rapidement. Surtout qu'il pensait justement à elle. Le jeune homme marchait vers elle mais savait que la déception qui le percuterait quand il se rendrait compte que ce n'était pas elle serait immense et il ne voulait pas ressentir ca, alors il décida de trouner les talons et de reprendre sa marche dans le sens inverse ...

Si seulement il avait su ...

J'avais vécu dans le manque pendant plus de douze mois. Douze mois, c'est long. Je comptais tous les jours passés sans pouvoir voir mon Gabriel, mon unique amour. Je ne pouvais m'imaginer avec quelqu'un d'autre. Quand je fermais les yeux, je ne voyais que lui. Le simple fait de penser que je devais faire ma vie avec un autre homme que lui m'était inimaginable. Pour moi, c'était lui. J'avais trouvé ma moitié, la personne avec qui j'aurais aimé passer le reste de ma vie. Mais il était malheureusement trop tard. Il m'avait laissé filer. Néanmois, qu'est-ce qui m'avait pris de m'en aller comme une voleuse? Nous qui pensions que notre amitié était plus forte que tout, nous nous étions tous les deux trompés. Malgré tout, j'essayais de me convaincre que c'était le destin qui voulait qu'il en soit ainsi. Mais c'est quoi, le destin? Doit-on réellement y croire? Est-il vraiment responsable de chacun de nos gestes? Et pouvons-nous le changer? Faire en sorte que notre vie ait une autre conséquence sur le destin? Je ne trouverai certainement jamais une réponse à une de ces questions. Ils demeureront à jamais un secret de la vie. Mais à quoi bon y réfléchir? C'était fini, maintenant. Ce qui est fait est fait, et il n'existe aucune machine à remonter le temps, à mon plus grand malheur.

J'étais assise un petit moment à observer longuement l'eau qui coulait assez lentement. J'aimais la nature. Je m'étais toujours sentie concernée par la nature. La fraîcheur d'une brise dans vos cheveux, la rosée du matin, la verdure, et ces adorables animaux. Les animaux étaient une grande partie de ma vie. Je m'y confiais souvent. Je savais qu'ils étaient certainement les seuls à ne jamais me juger comme le font les autres. J'aimais leur compagnie, je m'y sentais moins seule. Quand j'étais enfant, j'avais une dizaine de bêtes à la maison. Des chiens, des chats, des oiseaux, des hamsters, des souris... Je m'en occupais tous les jours, j'y consacrais la moitié de mon temps. Et quand l'un d'eux mourrais, j'avais du mal à m'en remettre, et mon deuil pouvait durer plusieurs mois.

Les yeux vers le bas, je ressentis alors la présence de quelqu'un. Peut-être un don? J'ai toujours su sentir la présence d'une personne à plusieurs mètres de moi, ou savoir quand quelqu'un posait ses yeux sur moi. Je relevais alors les yeux. Je reconnus un homme, grand et chatâin, de dos. Il me rappelait fortement Gabriel, ce qui me fit me demander si je devenais folle. Une illusion? À mon avis, oui. Aussi dingue que je pouvais paraître, je murmurai assez fort son prénom. "Gabriel? Gabriel?" appelai-je, avec quelques larmes qui vinrent à nouveau noyer mes yeux. Heureusement qu'il n'y avait personne, j'en connais qui auraient pris peur.
Il ne répondait pas. J'étais à présent persuadée que ça ne pouvait en aucun cas être lui. Mais ma folie l'emportait. Je tentai une deuxième fois.

─ Gabriel?

Ma voix se brisa, les pleurs recommencèrent. J'étais au bord du gouffre. Qui aurait pu croire que j'allais tomber aussi bas? Pourquoi est-ce que cet inconnu me répondrait? Gabriel était à des centaines de kilomètres de moi et il était à présent impossible de le retrouver.

Je reprenais le sentier sinueux que j'avais emprunté pour arriver jusqu'ici. Longeant le bord de l'eau je laissais la déception et la tristesse m'envahir parce que pendant quelques infimes secondes j'avais pensé que c'était elle. Que le destin nous avait réunis pour qu'on ne se sépare plus jamais. Il m'aurait facilité la tâche ...

A la place de cela, je réfléchissais à nouveau à l'endroit où je pourrais la trouver. Je devrais probablement commencer par les bureaux communaux, sauf que cela étant confidentiel ils me renverraient tous à la case départ. Il fallait que j'accepte mon sort, j'étais paumé et dans une ville qui m'était complètement inconnue de surcroit ! J'avançais lentement, le regard balayant à la fois le sol et les léger remous qui se bousculaient sur l'eau quand j'eu l'impression d'entendre mon prénom. Mais ce n'était pas tout ! J'avais comme entendu mon prénom, mais en plus c'était ELLE qui l'avait prononcé. J'aurais pu reconnaitre sa voix parmi mille et j'en étais certain. C'est pour cette raison que je cru rêver. Je fis encore quelques pas, mais ca raisonnait dans mes oreilles et je me sentis obligé de me retourner pour me convaincre à nouveau que ce n’était pas elle et qu’une fois de plus j’allais être extrêmement déçu. Ce que je fis
…
Immédiatement, je senti mon pouls s’accélérer et mon cœur frapper contre ma poitrine. Ma respiration se fit plus rapide et saccadée et j’attrapais chaud, trop chaud. Elle était là. Loin de moi certes et je pourrais encore me tromper ou avoir une hallucination et alors je serais bon à enfermer. Mais quelque chose que je ne pouvais pas percevoir me poussait à avancer vers elle. Je commençais à marcher doucement, puis plus rapidement pour finir par courir. Le sol se dérobait sous mes pas et je me dépêchais encore et encore pour être au plus vite près d’elle, pour rattraper tout le temps que l’on avait perdu. Plus je m’approchais, et plus les traits de son visage se dessinaient. Au fur et à mesure, j’avais la certitude de la personne qui se trouvait en face de moi, assise et les joues inondées de larmes. C’est seulement à cet instant précis que j’ai commencé à réaliser que c’était bon, que tout était enfin fini et que je l’avais retrouvée.

Je m’empressais de m’approcher d’elle et de me laisser tomber à genou à ses côtés. Je m’apprêtais à la prendre dans mes bras, à toucher son visage pour effacer toutes ses larmes mais j’en fut incapable. J’étais comme paralysé et je me contentais de la regarder. Mes yeux plongés dans les siens voulaient tout dire et heureusement car aucun son ne sortit de ma bouche. Je sentais les larmes me monter mais je les retenais de toutes mes forces. Je ne devais pas craquer, je ne me le pardonnerais pas. Je devais juste être fort et heureux d’être près d’elle. Et je ne comptais plus la lâcher … Jamais …

À ce moment précis, j'aurais aimé que le monde s'arrête, que la Terre s'arrête de tourner. Tellement d'émotions faisaient surface en moi. La joie de l'avoir éventuellement retrouvé, la tristesse qu'il ne soit pas celui que je croyais. Après tout je ne voyais encore que son dos. Et dans l'état dans lequel j'étais, j'aurais pu le confondre avec n'importe qui. Je voyais Gabriel partout.

C'est à ce moment que l'homme à la silhouette qui m'était reconnaissable parmi mille se retourna. J'étais perdue. J'avais l'impression de rêver. Etait-ce mon imagination qui me jouait encore des tours, ou était-il vraiment là? Gabriel, mon Gabriel pouvait-il se trouver là, à quelques mètres de moi? J'y croyais sur ce coup-là, au destin. À partir de maintenant, j'y croyais aux retrouvailles hasardeuses de bon matin près d'un lac. Cela me semblait impossible, mais de nature naïve, je me devais d'y croire. Surtout que la preuve était là. Peut-être encore un peu floue pour moi, mes larmes brouillaient peut-être encore ma vision, mais de tout mon cœur j'espèrais que c'était lui. Pourtant, mon corps refusait de me porter jusqu'à lui. Je me sentais faible, je n'avais plus de force. Mon corps s'était épuisé, fatigué toute cette nuit, alors je restais simplement là, assise, à pleurer comme une madeleine qu'il puisse être près de moi le plus rapidement possible.

Sa silhouette commençait à se dessiner de plus en plus devant mes yeux. Plus il s'approchait, plus j'étais persuadée qu'il s'agissait de mon meilleur ami. Un débordement de joie et d'amour m'envahissait. J'avais du mal à y croire. C'était un miracle qu'il me retrouve ici. L'avait-il senti? S'était-il rappelé de ce qu'il m'avait dit à propos des courants d'eau et de son amitié infinie à mon égard et avait-il directement penser à venir me chercher ici? J'en doutais fort, mais ma croyance en Dieu m'avait fortement aidée sur ce coup-là. Je lui en étais reconnaissante de toute mon âme. Mon vœu le plus cher venait enfin de se réaliser. Ça avait pris un peu de temps, mais il était enfin là.

Je ne sais pas ce qui m'empêcher de me relever et d'aller me blottir dans ses bras. J'étais sous le choc et il m'était impossible de faire ne serait-ce qu'un seul geste. Je le vis s'approcher de moi, ses pas s'accéléraient, et mon cœur battait au même rythme.
Il se trouvait à présent devant moi. Il ne bougeait pas. Ses yeux étaient plongés profondément dans les miens. Il m'avait tellement manqué. Je tins quelques secondes, mais je ressentis l'envie pressante de pouvoir à nouveau le toucher m'envahir. Je posai mes mains sur son visage. L'embrasser. Telle était ma pensée. Mais je ne pouvais pas. Pour lui, je n'étais encore que sa meilleure amie, et il ne se doutait pas de mes sentiments incontrôlables à son égard. Je passai mes bras autour de son cou, et je le serrai de toutes mes forces contre moi. J'allais certainement noyer rapidement son épaule de mes chaudes larmes, mais ça m'était égal, je l'avais retrouvé. Je ne réussis malheureusement pas à baffouiller quelques mots. Ma respiration se coupait trop fortement pour qu'un son puisse sortir de ma bouche.

Mes yeux étaient plongés dans les siens et je regardais les larmes qui déferlaient sur ses joues rosées par la brise légère du matin. Mon regard se posa pendant quelques instants sur ses lèvres mais je me retins de l’embrasser. Pour elle, j’étais son meilleur ami. Enfin pour l’instant parce que je ne ferai pas la même erreur à deux reprises. Cette fois je prendrai mon courage à deux mains pour lui avouer ce que je ressens pour elle. Ce truc immense qui me détruit à chaque minute passée loin de Vitoria, au risque de la perdre à nouveau. Mais quand je me rendis vraiment compte de l’état dans lequel elle se trouvait je me suis demandé si ce n’était pas la même chose pour elle. Pleurait-on autant pour son meilleur ami ? Que l’on avait plus vu depuis un an de surcroit ? Autant dire que le dicton « Loin de yeux, loin du cœur » ne s’appliquait pas avec nous.

Ses bras se nouèrent autour de ma nuque et je décide de me laisser aller. Passant à mon tour mes bras autour de sa taille, je la serre un peu plus contre moi. Aujourd’hui, enfin, je peux respirer son odeur qui m’avait tant manqué. Ce doux parfum qui titille mes narines. J’adore sentir ses cheveux doux frôler mon visage. Doucement, je souris et ferme les yeux. Je voulais juste profiter de l’instant présent et de rien d’autre.

Mais après un moment il faut que je me recule, je veux absolument voir son visage. Comme pour me convaincre que c’est bien elle et que je ne suis pas en train de serrer n’importe qu’elle blonde contre moi. Je la regarde en silence et elle en fait de même. Je décide de relever ma main et je passe mon pouce sur sa joue en une douce caresse. Je lui souris tout en entreprenant d’essuyer les larmes qu’elle porte sur le visage. Je l’ai retrouvé, cette fois-ci c’est certain ! Mon doigt glisse sur ses lèvres que je fixe intensément, je m’avance lentement et approche mon visage du sien mais pris de panique je la pousse en arrière pour qu’elle s’allonge dans l’herbe fraîche. Je me sens vraiment bête, trop sensible … J’ai tellement peur qu’elle m’en veuille et qu’elle m’abandonne. Je me demande bien si elle à remarquer quelque chose … ? Trop de questions envahissent mon esprit.

Je m’allonge à ses côtés et la tire plus près de moi pour qu’elle pose sa tête sur mon torse. Une de mes mains caresse tendrement ses cheveux, alors que l’autre tiens la sienne fermement. J’ai l’impression que d’une seconde à l’autre elle peut s’envoler et … et disparaître. Ce qui serait bien trop dur à supporter pour moi. Dans un murmure, j’articule ces quelques mots :

Je n’y crois pas …

C'était si bon de sentir à nouveau son touché qui m'avait tant manqué. La douceur de sa peau me donnait des frissons. J'avais l'impression de ne plus l'avoir ressenti contre moi depuis des années et des années entières. J'avais tellement l'habitude de le voir à chaque seconde, chaque minute, que passer une année sans lui m'était invivable. Ce manque ne m'avait jamais autant épris de cette façon. Je m'étais définitivement attachée à ce bout d'être humain. J'étais tombée follement amoureuse de Gabriel Cilio Alves, et je savais que mon amour pour lui ne s'effacerai pas de sitôt. Je crois même que jamais je ne pourrai oublier ces sentiments envahissants qui logeaient en moi. Il avait marqué mon âme d'une telle force que j'étais persuadée de devoir porter les séquelles de cet amour secret le reste de ma vie. Et j'adorais ça.

Malgré tout, je sais que je devrais bien lui avouer ce que je ressens tôt ou tard. Mais j'ai pourtant tellement peur de sa réaction. Nous sommes peut-être très proches, mais est-ce de l'amour qu'il éprouve pour moi? Ses gestes tellement doux et tendres cachaient-ils de l'amour? J'en doutais fortement. Il m'avait toujours considérée comme sa petite-sœur, sa protégée. Pourtant, une partie de moi gardait espoir.

Il essuya d'un geste délicat le flot de larmes qui recouvraient mes joues rougies. J'aimais son côté câlin, protecteur et reposant qu'il me montrait. Je n'avais jamais connu un garçon aussi doucereux. Son doigt glissa sur mes lèvres, un long saisissement me prit. Je le vis s'approcher de mon visage. À ce moment, j'étais convaincue qu'il allait enfin m'embrasser. Mais encore une fois, ce n'était que mon imagination. Il me posa gentiment sur l'herbe fraîche du matin, et il s'allongea à côté de moi. Nous avions l'habitude de faire ça. Je me rappelle qu'au Portugal, nous regardions souvent les étoiles tous les deux, couchés sur le sol, et nous nous endormions après de longues discussions. J'avais passé auprès de lui les plus belles nuits de ma vie, et je savais dès ce matin que ça allait recommencer. Je posai doucement ma tête sur son torse musclé. Je me sentais merveilleusement bien, et en sécurité. Auprès de lui, rien ne pouvait m'arriver.

Je pleurais joyeusement et silencieusement. Je n'avais pas envie qu'il m'entende sangloter, déjà que c'était assez "dur" pour lui. Je ne voulais pas compliquer les choses. Je me contentais de me serrer fortement contre lui. Aucun mot n'était nécéssaire. Le langage du silence parlait pour nous. Il murmura simplement qu'il n'y croyait pas. Moi non plus, d'ailleurs.

─ Si tu savais comme tu m'as manqué, Gabriel... répliquai-je dans un reniflement en enfouissant ma tête dans son cou.

Cette fille, je la connaissais par cœur. Je savais d’ailleurs qu’en cet instant même elle essayait de cacher ses sanglots. Mais quelques larmes atterrissaient de temps à autre sur ma chemise. Je ne lui fis aucun commentaire parce que je ne voulais pas la gêner, et moi non plus par la même occasion. J’écoutais ses paroles si jolies, sa voix était si mélodieuse. Et je fût à nouveau incapable de lui répondre quoi que ce soit ce qui me faisait tressauter au plus profond de moi-même. J’avais tant de choses à lui dire, pourquoi est-ce qu’aucun son ne sortait de ma bouche ? Je resserrais un peu plus mon étreinte sur Vitoria tout en caressant toujours ses cheveux blonds. Mes yeux étaient rivés sur le ciel dégagé et je me rappelais de nombreux souvenir, ne réalisant pas encore complètement ce qu’il m’arrivait.
Je ne voyais pas le temps passer, j’avais l’impression que je venais à peine de la retrouver et pourtant ma montre m’indiquait que cela faisait déjà presque qu’une heure. Une heure qu’elle était blottie dans mes bras …

Je pensais très fortement qu’il était tant qu’on se lève même si il s’agissait de la dernière chose que j’avais envie de faire. Mais malheureusement il ne faisait pas spécialement bon et je commençais sérieusement à avoir froid, et frileuse comme je connaissais la demoiselle, elle ne devait pas avoir beaucoup plus chaud que moi. Je me suis redressé doucement pour la regarder intensément à nouveau. Mon visage était comme attiré par le sien, les mains par son corps, et me retenir devenait de plus en plus difficile. Mais c’est ce que je fis à nouveau … A la place d’exaucer mes souhaits, je me suis levé et j’ai pris sa main pour l’aider à se relever. Mes jambes tremblaient sous l’émotion et une fois à mes côtés, je pris sa main pour la tirer.

Et pour la troisième fois de la journée, j’ai emprunté ce petit sentier sinueux qui menait à la sortie du lac. Mes yeux voyageaient entre l’eau et son visage. Mais je me sentais confus, comme si cette année m’avait malgré tout éloigné d’elle. J’étais incapable d’avoir un comportement normal, comme je l’aurais eu avant et ça m’angoissait.

Difficile de cacher ses émotions à quelqu'un qui vous connait comme personne d'autre. À vrai dire, je n'ai jamais réussi à lui cacher quoique ce soit, sauf peut-être mes sentiments amoureux. Il savait absolument tout de moi. De mes plus gros secrets aux plus enfouis de mes pensées. C'est pour cela que j'avais décidé de toujours lui dire la vérité. De toute façon, si je ne le faisais pas, c'était lui qui le découvrait par lui-même.
Gabriel ne me répondit pas. Après tout, je n'attendais aucune réponse. Je ressentais seulement le besoin de le lui avouer. Il me serra plus fort encore dans ses bras. Je pourrais rester des heures, des journées entières, installée de cette façon. Mourir très vieille, et dans ses bras, tel était mon souhait futur. Je voulais vivre jusqu'à la fin de mes jours avec lui. Il m'apportait rien que du bonheur. Il était impensable qu'une dispute puisse briser notre amitié à tout jamais.

Le temps passait si lentement. Quand j'avais espéré que la Terre s'arrête, était-ce ce qui venait d'arriver? Voilà une heure que j'étais blottis contre lui, et je ne m'en lassais pas. Jamais. Malgré tout, frileuse comme je l'étais, plus les minutes passaient et plus les frissons de mon corps se faisaient nombreux. Et Gabriel le sentait. Je tremblais comme une feuille. Il décida de nous relever doucement, juste après avoir posé son regard sur le mien. Ses yeux me rappelaient ceux d'un ange. Mon ange. Il me redressa à l'aide de sa main. Debout à côté de lui, je le fixais, encore choquée. Je me demandais s'il avait perdu la voix, au Portugal. Je n'avais pas encore entendu un seul son de sa voix, mais pourtant je savais à quoi elle ressemblait. Je ne l'avais pas oubliée. Elle résonnait dans ma tête et mon cœur chaque jour.

En tenant très fortement sa main dans la mienne, nous commençâmes à marcher sans un mot. Dur, dur de résister. Mon envie de pouvoir poser mes lèvres contre les siennes se faisaient de plus en plus grande. Nous sortîmes petit à petit de ce sentier qui menait à un petit parc, près d'une forêt. Tout était encore vide, personne dans les parages. Ils dormaient certainement tous. Nous avions l'air d'un couple, main dans la main. Cette image m'obsédait.

Je m'arrêtai tout à coup. Gabriel se retourna vers moi, et m'observa longuement. Je craquai. Ses lèvres rencontrèrent les miennes pour la première fois depuis que nous nous connaissions. C'était si doux, si tendre. J'avais rêvé de ce moment des centaines de fois. Allait-il m'en vouloir? Je n'en avais aucune idée mais je ne m'en posais pas la question. Je profitais seulement du moment présent.

Vitoria s’arrêta alors que j’étais complètement perdu dans mes pensées. Je pensais à moi, je pensais aussi à elle, à nous et à comment j’allais me débrouiller pour tout lui avouer. Je voulais lui dire à quel point je l’aimais et depuis le premier jour. Comment avais-je pu me taire aussi longtemps ? Je n’en avais aucune idée mais à vrai dire je ne regrettais pas tant que ça. Parce qu’aujourd’hui j’étais près d’elle et je comptais bien rattraper tous le temps que l’on avait perdu. Sauf, évidemment, si elle ne voulait pas de moi ce qui était à présent ma plus grande crainte … Toute cette histoire me hantait, elle était pour moi comme une obsession que je pouvais à peine toucher. A cet instant, j’aurais tellement aimé être quelqu’un de plus franc.

Je me suis tourné vers elle et l’ai observé longuement, je la dévisageais presque sans même m’en rendre compte. J’essayais de comprendre pourquoi elle s’arrêtait si soudainement alors qu’elle était frigorifiée et qu’elle avait besoin d’un endroit chaud. En vérité j’avais déjà peur qu’elle tombe malade par ma faute. Elle s’approcha de moi et sans que j’aie eu le temps de réfléchir pour une fois, ses lèvres se posèrent sur les miennes. Je ne bougeais pas, j’étais comme paralysé et je profitais juste du moment. C’était comme je l’avais toujours imaginé, ses lèvres étaient des plus douces. Je la senti se reculer de quelques centimètres et j’ouvris enfin les yeux. Immédiatement, je pu lire l’interrogation dans son regard. Elle ne savait toujours pas … Je n’avais aucunement réagi et du coup, elle ne savait pas ce que je pensais, ni ce que je ressentais, mais j’étais incapable de le lui dire. Pas maintenant, alors que l’on venait juste de se retrouver, elle m’impressionnait trop. Alors, j’ai décidé de m’y prendre autrement. Replaçant une mèche perdue sur son visage derrière son oreille, j’ai posé sa main sur ma joue et me suis approché lentement, pour la laisser comprendre ce que j’allais faire et la signification que ça avait pour moi. J’étais amoureux d’elle … A nouveau, nos lèvres se caressèrent tendrement et de ma main inoccupée, je frôlais sa taille. Par ce geste, je l’incitais à venir plus contre moi. Il n’y avait personne et heureusement, parce que pour rien au monde je voulais qu’on soit dérangé. Ce moment était parfait, mieux que tous ceux que j’avais rêvé et je ne l’oublierai jamais.

Malheureusement, on ne pouvait pas rester là, dans ce petit parc pour le restant de nos jours. Nous ne pourrions pas vivre « d’amour et d’eau fraîche » uniquement. Et la réalité prit le dessus sur le rêve dans mon esprit. Je me suis reculé à nouveau doucement pour la contempler. Un sourire se dessina sur mes lèvres, il désignait parfaitement à quel point j’étais heureux près d’elle. Reprenant sa main dans la miennes, nous marchons quelques pas ensemble vers la sortie, vers la ville. Mais même main dans la main, je la sentais trop éloignée de moi. Me tenant plus contre elle, j’ai passé un bras autour de sa taille et lui ai déposé un petit bisou sur la tempe. Elle était parfaite …

Je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait, et comment ça avait pu arriver. Je venais d'embrasser mon meilleur ami, et il n'avait pas même répliquer un mot. Etait-il surpris, au contraire s'en doutait-il? Ou bien est-ce que ce baiser allait remettre en question notre grande amitié? Je n'en savais rien. Je n'arrivais pas lire en lui. Malgré que je le connaisse depuis des années déjà, j'ai toujours eu du mal à deviner ses émotions. Il ne montrait que rarement ce qu'il ressentait.

Après avoir posé mes lèvres sur les siennes, il n'avait donc rien dit. Mais il prolongea tendrement ce bisou qui était pourtant très significatif. Il semblait apprécier ces quelques secondes. J'aurai pu continuer encore longtemps. Ses lèvres étaient tellement douces. Qu'allait-il se passer ensuite? Allions-nous passer le reste de notre vie ensemble? Allions-nous être séparés pour toujours car il allait me rejeter? Difficile de savoir. J'espérais seulement qu'il ne regrettait pas mon baiser. Moi, aucunement. Je voulais lui faire connaître mes sentiments envers lui, bien qu'il soit encore trop tôt. Je crois que le débordement de joie qui m'envahissait m'avait pousser à faire ce que je venais de faire. Le fait de l'avoir à nouveau en face de moi m'avait rappelé que jamais je ne voulais le laisser partir une nouvelle fois et que je le voulais avec moi pour toujours. Etait-ce possible? Gabriel parlait de nous comme si nous n'étions vraiment que de simples amis, et rien d'autre. J'avais parfois l'impression qu''il voulait tuer tout mes espoirs. Mais j'étais bien trop forte pour abondonner comme ça, je ne devais pas, je devais y croire.

C'est alors qu'il m'embrassa une deuxième fois. Je compris alors qu'il n'était pas contre ce que j'avais fait. Je me sentais rassurée. Il se retira lentement et m'observa longuement dans les yeux, un sourire au lèvres. Il était absolument, merveilleusement magnifique. Il m'attirait comme un émant. Il me contrôlait, je me sentais impuissante. C'est ça, l'amour?

Nous recommençâmes notre route sans vraiment trop savoir où nous allions. J'étais contre lui, et je ne savais pas trop quoi dire. À chaque fois que j'essayais de lui parler, il ne me répondait pas. Mais après tout, je n'en avais rien à faire. Tant que j'étais avec lui, rien d'autre ne comptait.

Nous marchions côte à côte, mais mes pensées avaient du retard. Elles étaient encore à l’instant passé. Celui où Vitoria m’avait embrassé. Je sentais encore les mêmes petits papillons voler dans mon ventre et j’adorais ça. Malheureusement, je dû vite revenir à la réalité alors que nous franchissions l’immense grille qui délimitait le parc. Où aller ? Cette question me trottait dans la tête. Si j’avais un « chez moi » à Los Angeles je lui aurais directement proposé de m’accompagner histoire de lui proposer quelque chose à boire et à manger et pour qu’elle puisse se réchauffer à l’intérieur. Sauf que je n’avais pas de maison, pas d’appartement ni quoi que ce soit d’autre …

J’ai fini par m’arrêter sur le trottoir pour me mettre face à la jeune femme. Chacune de ses mains serrée dans le mienne, je transperçais son regard. Je pouvais y lire de la joie ? Ça se voyait clairement qu’elle était contente, mais de l’inquiétude transparaissait dans ses traits. Je lui souris doucement en attendant qu’elle me dise quelque chose, mais rien ne venait. Il fallait donc que je prenne sur moi pour lui parler, de toute façon nous n’allions tout de même pas vivre dans le silence. J’aurais voulu retrouver immédiatement la complicité que nous avions autrefois, mais là nous avions plutôt l’air affreusement gêné aussi bien l’un que l’autre.

Dis-moi à quoi tu penses …

Cette question était on ne peut plus précise. Je voulais savoir ce qu’il se passait dans sa tête à ce moment précis. Ce qu’elle ressentait, si elle regrettait ou au contraire si cela lui avait plu. Je ne savais rien et du coup je n’avais aucune idée de la façon dont je devais agir envers elle. Dois-je continuer à rester si proche d’elle ? A tenir ses mains dans les miennes ? A la serrer contre moi ? Ou au contraire, dois-je m’abstenir et refuser les sentiments que j’éprouvais à son égard ? Toutes ces questions s’entrechoquaient dans ma tête et ca me donnais la migraine. Il fallait qu’elle réponde à mes questions, pour que je puisse retrouver mon chemin. Car en effet, là, j’étais complètement perdu. Encore …

Tu as une idée de l’endroit où nous pourrions aller ?

Moi je n’en avais pas. J’espérais juste qu’elle m’emmènerait, là où nous pourrions parler, s’exprimer sans la moindre crainte. Un endroit où nous pourrions nous retrouver, tout simplement …

Gabriel attendait avec impatience d’entendre la réponse de son amie ou peut-être plus qu’amie, il n’en avait encore aucune idée. Sous ses airs de patient, il trépignait d’impatience d’entendre à nouveau sa voix si douce et mélodieuse. Inutile de préciser sa déception lorsqu’il entendit enfin cette réponse qu’il attendait tant. Elle se contentait juste de lui retourner la question ? Mais qu’espérait-elle ? Qu’il allait lui répondre ? Elle pensait probablement que sous l’émotion il le ferait, mais il n’avait pas perdu son caractère têtu et un rien borné malgré tout !

On ne répond jamais à une question par une autre question …

Le jeune homme venait de prendre une grande décision. Après ce qu’elle venait de lui faire, elle le méritait amplement ! Il n’allait rien lui avouer, même pas une once de pensée avant qu’elle l’ait fait elle-même. Il voulait tellement savoir.

La demoiselle lui proposa d’aller chez elle, c’est vrai que Gabriel était assez curieux de voir où elle habitait et à quoi ressemblait sa nouvelle vie ici ? Vivait-elle encore avec sa maman qui déménageait sans cesse ? Devrait-elle encore la suivre un jour où l’autre ? Avait-elle un emploi stable ? Toutes ces questions amenèrent l’esprit du jeune homme à quelque chose qu’il n’avait pas encore envisagé. Et si elle avait un petit ami ? Il se promit de lui poser la question ou du moins de la sous-entendre dans la journée.

D’accord je te suis !

Ca c'était bien le Gabriel que je connaissais. Tellement tétu. Mais ça m'amusait. J'aimais son caractère, il était unique. Que pouvais-je lui répondre? Je n'allais quand même pas lui dire à quoi je pensais en ce moment-même, alors que je ne pensais qu'à lui, à nous et à ce que nous pourrions vivre tous les deux. Lui mentir? Sans façon. La vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Mais de quelle façon le lui dire?

─ Tu sais c'est pas facile de te dire à quoi je pense. Des millions de pensées traversent ma tête. Voilà, je t'ai répondu, et pas par une autre question.

Je souris, amusée. J'adorais le taquiner, l'embêter.
Il accepta alors mon invitation à venir chez moi. C'est vrai que nous n'avions pas eu l'occasion d'encore bien se parler, nous ne savions pas encore ce que chacun de nous était devenu. J'étais impatiente de savoir comment il avait passé cette année sans ma présence. De mon côté, j'avais eu du mal à avancer les premiers mois, mais je me mentais de toute mes forces, je me devais de tourner la page et essayer d'oublier Gabriel. Il avait été mon pillier pendant trois longues années. Les six derniers mois, j'avais vécu plus ou moins normalement, jusqu'à aujourd'hui. Il était revenu pour changer le cours de mon existence.

Nous continuons notre chemin, pour arriver jusqu'à l'entrée de ma maison, tout ça dans le silence le plus complet. Je me sentais gênée.
Il savait à présent où je vivais, et seule.

─ Nous y sommes! C'est ici que j'habite, lui dis-je en souriant.

J’ai écouté sa réponse sans rien ajouté de plus. Je pouvais la comprendre, si j’avais du mal, elle aussi devait éprouver des difficultés à me parler vraiment de ce qu’elle ressentait. Et bon, peut-être que je lui avourais mes sentiments moi-même au final. Enfin, j’attendrai le moment propice. J’ai l’impression de me retourner le cerveau dans tous les sens, alors que peut-être tout ça se fera naturellement et j’aurai stressé pour rien. Comme toujours d’ailleurs …

Malgré tout, je la retrouvais enfin dans sa réponse. C’était tout à fait elle ça, me taquiner et m’embêter alors qu’elle est parfaitement consciente des difficultés que je peux rencontrer parfois à cause de ma timidité ou encore de ma sensibilité légendaire. Et ça me fît sourire. Un brin de normalité dans une histoire étrange. Que demander de plus ?

En silence, je la suivi jusqu’à chez elle. Je me demandais toujours si elle vivait seule. Cette question me hantait. Enfaite, je ne savais absolument pas qu’elle serait ma réaction si j’apprenais qu’elle était déjà liée à un autre. Probablement que je ne le supporterais pas. Mais bon, le fait qu’elle m’ait embrassé, me confortais dans l’idée qu’elle n’avait personne et que ses sentiments se résumaient à moi. Je naviguais en plein rêve là ! Je l’ai laissé ouvrir la porte à son aise et je suis entré dans la maison derrière elle. Plus je pénétrais dans la première pièce et plus j’étais certain d’être chez elle. La personnalité de la jeune femme apparaissait dans le moindre petit objet de décoration ou dans la moindre couleur utilisée sur les murs. Sa demeure était vraiment agréable à regarder et elle devait si plaire, je n’en doutais pas. Toujours en silence, je me permis de passer de pièce en pièce et elle me suivait sur les talons. Je voulais juste en voir plus, en apprendre davantage sur elle et sur sa vie actuelle car je n’en connaissais rien. Mais une chose me sauta aux yeux …

Où sont toutes les affaires de l’homme qui partage ta vie ?

Je n’en voyais aucune et en lui posant la question de cette façon, sur le ton de l’humour, j’étais presque certain qu’elle me répondrait, et pas par une autre question cette fois. Si elle était vraiment encore célibataire, je me demandais bien comment. Vitoria était une jeune femme magnifique, avec un caractère en or. Comment aucun homme, excepté moi, ne pouvait s’intéressé à elle ?

Nous arrivâmes chez moi. J'avais un peu honte de le faire entrer dans ces pièces. À vrai dire, quelques cartons y traînaient encore. Je n'avais pas eu le courage de les déballer complètement. De plus, la bordélique qui régnait en moi faisait souvent surface. Ma chambre n'était pas faite, mon lit : n'en parlons pas. Les couvertures n'avaient aucun sens, puisque je n'avais fait que me retourner toute la nuit. Mais d'un côté, je savais que Gabriel me connaissait comme sa poche, et donc cela ne me gênait pas qu'il voie à quoi ressemblait ma "nouvelle vie", pas si nouvelle que ça, finalement.

Il parcourut les pièces de la maison. Chacune des couleurs reflêtait ma personnalité. Beaucoup de noir, ma couleur préférée, mais également beaucoup de couleurs comme le violet et le rose, qui montraient un peu ma joie de vivre quotidienne. Je ne parle pas d'aujourd'hui...

C'est alors qu'il me posa cette question un peu bizarre. Je savais qu'il voulait me faire comprendre quelque chose. Il voulait savoir s'il y avait déjà un autre homme dans ma vie. Une fois de plus, je voulais détendre l'atmosphère. Je continuai à le taquiner.

─ Je les ai rangé dans son armoir, il deteste mon bordélisme. D'ailleurs, il va pas tarder à rentrer, tu devrais te cacher.

Je souris. Je savais très bien qu'il savait que je le taquinais. Je voulais simplement lui faire un peu oublier ce qu'il s'était passé une petite heure avant, bien que ce soit impossible car, pour ma part, c'était la seule chose qui me traversait l'esprit depuis que ça s'était produit.

[justify]Me cacher ? Et puis quoi encore ? Alors premièrement je savais pertinemment qu’elle disait ça pour m’embêter. L’intonation qu’elle avait employé et le petit air que prenait son visage voulaient tout dire ! Et deuxièmement, même si elle avait eu un petit ami, voire plus, ce qui m’étonnerait fortement vu qu’elle n’était ici que depuis un an, je ne me serais caché pour rien au monde. J’aurais été vraiment trop curieux de le voir, et aussi déçu par la même occasion.

Je n’ai trouvé aucune réponse à sa réplique, alors que généralement j’étais très doué quand on parlait d’humour. Mais aujourd’hui, tout était différent et je ne me reconnaissais même pas dans certain de mes comportement. Un long soupir s’échappa de mon corps alors que je lui tournais le dos. Que devais-je faire ? On avait besoin de parler, c’était on ne peut plus évident. Mais comment commencer cette conversation si délicate dont nous avions tant besoin ? Il fallait que je me lance ! J’avais la grande impression qu’elle ne le ferait pas et que ce poids reposait sur mes épaules.

C’est étrange …

Ces mots étaient les seuls que j’avais pu prononcer, et encore, si j’y étais parvenu, c’était seulement parce que je lui tournais le dos. Et ça ne me convenait pas. Ce n’était pas nous ! Me retournant doucement, mon regard se plongea dans le sien. J’ai pris sur moi et me suis avancé pour prendre sa main que j’ai pressé dans la mienne pour la tiré doucement vers le canapé où je me suis installé. Le silence me pesait et me gênait terriblement, j’ai détourné le regard un instant avant de le reposer sur elle et de serrer sa main encore plus fort dans la mienne. J’attendais qu’elle dise quelque chose mais rien ne venait.

Dis-moi … J’ai besoin de savoir ce que tu penses. On s’est embrassé et … Et je ne sais pas plus que ça à quoi ça rime … Ce que ça signifie pour toi … Etait-ce juste parce qu’on ne s’était pas vu depuis longtemps ? Ou est-ce que ça veut dire autre chose ? Ecoute, … Je sais ce que ce baiser signifie pour moi, mes idées sont bien claires la dessus. Mais il faut juste qu’on en parle, et que tu me dises ce à quoi, toi, tu penses …

C’était la plus longue phrase que j’avais articulé depuis que je l’avais retrouvée. Mais mots étaient hésitant mes rapides malgré tout et j’espérais vraiment qu’elle m’avait comprise parce que je n’avais pas la force de répéter. Mes mains devenaient moites peu à peu et mon cœur rebondissait dans ma poitrines de plus en plus fort. Mais je cachais toutes mes émotions du mieux que je le pouvais pour ne pas que la jeune femme s’en aperçoive. A ce moment précis, je n’avais qu’une seule envie, la prendre dans les bras et la serrer très fort contre moi. Mais les gestes ne suffisaient plus et la parole devait reprendre sa place dans notre relation.[/justify

"C'est étrange". De quoi parlait-il? De notre baiser? J'en étais sûre. Je crois bien que c'était à partir de maintenant que notre longue conversation allait débuter, et que je devrais tout lui annoncer. Mais je me sentais courageuse, je pouvais le faire. J'avais décidé de prendre mon courage à deux mains, nous ne pouvions pas continuer de vivre dans le silence éternellement, et notre baiser aurait été notre premier sujet de conversation, nous ne pouvions pas l'éviter.

Après m'avoir tourné le dos quelques secondes, il se retourna à nouveau face à moi en serrant ma main dans la sienne. Mon cœur se remit à battre la chamade. Il m'avait l'air inquiet. Ou plutôt... gêné. Cette situation m'agaçait car, je le voyais rarement dans cet état-là. Nous nous étions tous les deux toujours considérés comme les deux personnes les plus proches au monde. Je n'éprouvais donc jamais aucune gêne. Sauf aujourd'hui. À vrai dire, je n'aurais jamais penser pouvoir un jour l'embrasser. Je pensais toujours qu'il me rejeterait. Ce qu'il n'avait pas fait. Mais il voulait parler? Il allait tout savoir.

─ Alors tu veux savoir le fond de mes pensées? Tu veux vraiment savoir ce que je pense? Tu l'auras voulu... dis-je en prenant une grande inspiration.
Ce baiser, je ne l'avais pas prévu du tout. Mais mon envie avait dépassé tous les autres quelconques sentiments que je pouvais ressentir. Mais ce que tu ne sais pas, c'est que ce baiser, je l'attends déjà depuis deux ans et demi, maintenant. Tu te demandes pourquoi? Et bien tout simplement parce que je suis tombée amoureuse de toi, Gabriel. Bientôt trois ans que je garde cet amour secret de peur de briser la moindre petite chose dans notre amitié. Et je comprendrai que tu m'en accuses, maintenant. Après tout, c'est moi qui l'a voulu comme ça.

Les larmes me montèrent aux yeux, quelques-unes d'elles se laissaient déjà couler sur ma joue.

─ J'ai vécu un enfer, sans te voir ces douze mois. J'avais du mal à avancer dans ma vie. C'était comme si tout le monde autour de moi poursuivait le reste de leur vie, mais que moi je restais plantée là, à les regarder, et à attendre de pouvoir enfin revoir ton visage. Ça a durer huit longs mois. Tu vas me trouver folle, mais c'est pourtant ce qui est arrivé. Mais après ces quelques mois invivables, j'avais décidé d'ESSAYER de tourner la page. J'évitais tout ce qui me rappelait toi, absolument tout. Et j'ai réussi... Du moins, c'est ce que je me persuadais. Au fond de moi, tu étais toujours là. Il n'y avait que toi. Et personne n'était présent pour m'aider à surpasser ces obstacles. Je me sentais tellement seule. Et jusqu'à aujourd'hui, cette douleur ne me quittait pas.

Je me retenais de pleurer comme jamais, car devais être forte. Je tremblais comme une feuille mais je n'en avais rien à faire. Je n'attendais que sa réponse. Peut-être étais-je aller un peu trop vite, maisje devais le faire. Je n'aurai pas pu en parler entièrement tant que je ne lui avais pas TOUT fait savoir.

─ Excuse-moi pour tout, Gabriel.

Je baissai la tête.

Enfin, Vitoria se mit à parler. Et je l’écoutais avec une attention démesurée. J’attendais tellement ce moment que je me concentrais à l’extrême pour être certain de ne louper aucun de ses mots. Et il y en avait des mots. Un flot de paroles émanait de la demoiselle qui se trouvait face à moi. Et plus elle parlait, plus j’avais envie de la serrer contre moi. Au milieu de son récit, je m’aperçus que les larmes lui montaient aux yeux. Ces derniers brillaient ses joues devinrent rapidement humides. Et moi, je ne bougeais pas parce que j’avais peur qu’un quelconque mouvement la perturbe et qu’elle ne finisse pas ce qu’elle était en train de me dire, ou plutôt de m’avouer.

J’avais l’impression de me retrouver dans ses paroles. Tout ce qu’elle décrivait était presque parfaitement ce que je ressentais depuis le début. J’avais d’ailleurs beaucoup de mal à comprendre comment nous avions pu gâcher trois ans de notre vie à cacher nos sentiments. A la place, nous aurions pu vivre de notre amour et alors qu’elle serait partie, je l’aurais probablement suivie malgré que mes études ne fussent pas terminées.
J’en n’en croyais pas mes oreilles quand je l’entendis s’excuser. Immédiatement, j’ai remonté mon regard vers elle alors que justement elle le baissait pour fixer le sol. M’approchant d’elle, j’ai passé un doigt en dessous de son menton pour lui redresser le visage, et transpercer ses yeux des miens.

Je ne veux pas que tu t’excuses ! Je n’arrive pas à y croire, c’est complètement fou ce qui nous arrive. Je vais te dire ce que moi je pense. Je me suis attaché à toi dès que tu es arrivée près de chez moi. Tu avais à peine franchi le seuil de la classe que j’ai su. J’ai su que c’était toi. Après, on s’est rapprochés de plus en plus et rapidement tu es devenue la personne qui comptait le plus dans ma vie. Et déjà à ce moment-là, j’en aurais voulu plus, sauf que je n’ai jamais osé te le dire tellement j’avais peur de te perdre. Et c’est ce qui s’est passé quand tu m’as annoncé que tu déménageais loin. J’ai bien cru que ma vie s’écroulait, sans toi j’allais de nouveau être … Rien … On se voyait tous le temps et du jour au lendemain, je me suis retrouvé tous seul à me morfondre enfermé dans ma chambre. C’est pour ca que je suis revenu Vitoria … Pour toi … Parce que …
Je suis amoureux de toi …

Je n’arrivais à réaliser ce que je venais de lui dire, et pourtant c’était seulement la vérité. On pouvait dire que mon cœur avait parlé. Extrêmement gêné, j’ai baissé les yeux à mon tour pour fixer mes chaussures.

À peine avais-je fini de parler que je baissais déjà les yeux. J'avais tellement peur de sa réaction. Des tas d'idées traversaient ma tête. Et si pour lui je n'étais qu'une simple amie, bien que nous soyions vraiment très proches? Une amitié améliorée peut-être? Ou bien était-il amoureux de moi? La dernière solution m'était préférable. J'espérais seulement que, même s'il ne m'aimait pas comme moi je pouvais l'aimer, notre amitié n'en garderait aucune sequelle. Je n'avais pas envie que, maintenant qu'il connaissait mes sentiments à son égard, il allait changer.

Gabriel me demanda alors de ne pas m'excuser. C'est à ce moment là qu'il commença à me parler. Avec la plus grande des attentions, je l'écoutais. Chacun des sons et des mots qui sortaient de sa bouche résonnait en moi, et se repassait en boucle dans ma tête. Je suis certaine que s'il me demandait de répéter mot par mot ce qu'il venait de dire, j'y serais arrivée.
La fin de sa phrase me paraissait incroyable, voir même irréel. Je pensais même rêver, ou qu'il s'était trompé dans l'un de ses mots. Il était donc amoureux de moi?
Et s'il me jouait un mauvais tour, si tout ceci n'était qu'une plaisanterie. À vrai dire, seulement 10% de ma conscience pensait ça. Je ne crois pas que, aussi sérieux que soit ce moment même, il se serait permis de faire de l'humour.

En tout cas, j'étais bouche bée. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien depuis très longtemps. Et j'adorais ça. Nous allions enfin pouvoir vivre notre amour aux yeux de tout le monde, et aux yeux de nous-même. Dire que nous avions gâchés trois années dans le silence, alors que nous aurions pu être heureux comme jamais personne n'aurait pu l'être. Mais je comptais bien rattraper tout ce temps perdu.

─ Wow... Je ne sais que dire... C'est tellement difficile à y croire. Tu me jures que tu ne te fiches pas de moi? Ca fait tout bizarre...

Je le vis qu'il baissait les yeux. Je pris sa tête entre mes mains, puis je le fixais longuement dans les yeux. C'était incroyable. Comme si l'un de mes rêves les plus "fous" venait de se réaliser, là, à ce moment même.

─ Oh, Gabriel!...

Je me penchai rapidement puis je l'embrassai de toute mes forces, avec tant de passion et tant d'amour que j'étais sûre qu'il pouvait ressentir à quel point je pouvais être amoureuse de lui.

Evidemment que je n’avais pas dit ces quelques mots sur le ton de l’humour. J’en aurais été bien incapable en ce moment à vrai dire. Cette conversation était des plus sérieuses et je sentais qu’elle se terminait. Bien sûr, il y en aurait d’autre, parce qu’on ne savait pas comment tout cela allait tourner. Et surtout je ne savais pas à quoi allait ressembler ma vie ici, ce que j’allais en faire. Je venais tout juste de décider que je ne rentrerais pas au Portugal. J’allais rester avec Vitoria, ici, pour pouvoir rattraper avec elle tout le temps que l’on avait perdu.

Je te le jure …

Je sentis ses mains se poser sur mon visage que j’ai remonté doucement. Le baiser qu’elle m’offrit était impossible à décrire. Tellement passionné et … Il était parfait, elle était parfaite et notre relation allait être tout aussi parfaite. Même si j’étais réaliste et que je savais que l’on se disputerait parfois. Mes mains posées sur sa taille, je lui rendis son baiser de la même façon qu’elle. Aussi étrange que ça puisse paraitre, je n’avais jamais embrassé de la sorte. C’était un peu comme si nos lèvres étaient faites pour s’accorder. J’étais en train de vivre un rêve …

Me reculant légèrement avec regret. J’ai passé une main sur sa joue en une caresse. Je n’avais qu’une envie, la serrer contre moi, encore. Et c’est ce que je fis. L’attirant vers moi, je l’ai laissé poser sa tête sur mon torse pour déposer un bisou sur son front, et respirer l’agréable odeur de ses cheveux blonds. J’avais besoin d’elle, de la sentir contre moi et je me demandais bien comment je ferais quand les obligations nous sépareraient. Probablement que ça serait plus facile que je ne le pensais car là, on venait tout juste de se retrouver et on était en manque l’un de l’autre.
J’attendais qu’elle dise quelque chose et me demandais bien ce qu’on allait faire du reste de la journée. Je comptais bien en profiter, même si on en avait plein d’autre à vivre ensemble. Moi tout ce que je demandais c’était d’être près d’elle. Je n’étais pas très difficile. De toute façon, je ne connaissais absolument rien de cette ville. Ou peut-être qu’elle préfèrerait que l’on reste chez elle ce qui ne me dérangerait en aucun cas. Au contraire.

Je vais plus te quitter. Tu vas voir, tu vas vite en avoir marre de moi et tu me trouveras trop collant j’en suis sûr !

Il me promit de ne plus me quitter. Et j'aimais cette idée. Je pourrais rester avec lui des années et des années, j'imaginais même ma vie avec lui, sans jamais m'en lasser. C'est comme s'il était la moitié nécéssaire à ma survie. J'ai vécu sans lui auparavant, mais en le rencontrant, c'est comme si j'avais effectué une renaissance miraculeuse, il me permettait de vivre à nouveau comme je n'avais jamais vécu quand je n'ignorais son existence.

Gabriel me rendit le baiser passionné que j'avais déposé sur ses lèvres. Il était tout aussi parfait que lui. En fait, en tout vérité, je n'avais jamais réellement embrassé un autre garçon. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'était vrai. Mes lèvres n'avaient jamais touché celles d'un autre à part celles de Gabriel. C'est comme si, en un sens, je m'étais réservée pour celui que je pensais être le bon. Gabriel était le bon, j'en étais sûre et certaine, et rien ne pourrait me persuader du contraire.

Il m'avoua ensuite qu'il pensait que je le trouverai trop collant. JAMAIS! Je poussai un petit rire amusé. Pendant trois longues années nous nous étions cotôyés TOUS LES JOURS, nous passions toutes nos journées ensemble. Nous trouvions toujours quelque chose de nouveau à faire, c'est ce qui me manquait énormément aussi quand j'ai du le quitter. Avec mes autres amis, je n'avais pas cette complicité qui nous liait. Les jours se ressemblaient toujours, mais pas avec Gabriel.

─ Collant? Tu plaisantes? Tu te souviens de ces looongues journées où nous restions ensemble every single secondes? Tu penses vraiment que maintenant que je t'ai retrouvé, ça allait changer? Rêêêêve mon Gabriel, tu devras me supporter encore loooongtemps, et je serai bien pire qu'avant car je VEUX la rattraper cette année perdue.

Je lui souris.
Je me demandai ensuite ce que nous pourrions faire. Rester chez moi ou bien sortir? Peu important, tant qu'il était à mes côtés.

─ Oh, au fait, tu veux quelque chose à boire, ou manger un petit truc?
Ou tu préfères sortir peut-être? Dis-moi, tu me parais bien trop sage, dis-je en lachant un petit rire.

Encore une fois, j'essayais de m'en sortir avec une de mes plus grande qualitié : l'humour. Et je le faisais toujours, quand je me sentais gênée.

Evidemment que je me souvenais de ces longues journée passées avec elle. Autant dire qu’on vivait presque ensemble ! On se retrouvait le matin pour se quitter le soir et aller dormir. Ensuite nous nous retrouvions le lendemain et ainsi de suite. J’aurais très bien pu la considérer comme ma sœur mais étrangement, ça n’avait jamais été le cas. Et aujourd’hui je savais pertinemment pourquoi ? Parce que les sentiments que j’éprouvais pour elle étaient encore bien plus fort que ceux d’un frère pour sa sœur …

Et bien oui, je pensais que ça allait changer … Parce qu’on à ça en plus maintenant !

Me rapprochant d’elle, j’ai déposé un tendre baiser sur ses lèvres avant de la regarder à nouveau l’air taquin. Peu à peu, je me retrouvais, l’humour refaisait surface dans mes pensées et je n’étais plus aussi gêné qu’auparavant.

Tu devras me supporter aussi très longtemps, mais en seras-tu capable ma chère ? Je te promet qu’on va la rattraper cette année ne t’en fais pas avec ca …
Un petit peu à boire ne serait pas de refus !

Je suivis la demoiselle jusque dans la cuisine où elle me servit un verre de coca. J’en bu une gorgée et la laissa glisser doucement dans ma gorge. Ça faisait du bien, enfaite je me rendais seulement comptes que j’avais soif. C’était dû au fait que Vitoria occupait toutes mes pensées …

Mais je suis toujours sage moi …

Dis-je en employant un ton assez enfantin, et une petite moue qui j’en étais certain allait complètement la faire fondre. A vrai dire, je préfèrerais rester chez elle pour qu’on puisse passer une petite journée rien que nous deux et pour qu’on puisse parler tant qu’on le voulait si l’envie nous en prenait. Autrefois, nous étions toujours dehors, comme deux grands amoureux de la nature. Et je l’étais toujours, sauf qu’un peu de repos ne me ferait pas de tort. Après le voyage que je venais de faire, je n’avais pas encore totalement récupéré.

J’ai une question délicate à te poser … Euh … Est-ce que tu accepterais que je dorme ici cette nuit ? Le canapé me conviendra parfaitement …

On ne peut plus fragile comme question alors que l’on s’avouait à peine nos sentiments. J’avais peur qu’elle croit que j’en voulais déjà plus d’elle alors que ce n’étais pas le cas. Je n’avais juste pas vraiment envie de partir ce soir pour passer la nuit dans un hôtel en la sachant seule dans sa maison …

Je recommençais à trouver petit à petit mon Gabriel. Ses manières taquines et son humour que j'appréciais énormément. Je crois que maintenant que nous savions l'un pour l'autre, il était quand même un peu plus facile d'être soi-même. Avant, nous devions un peu cacher ce que nous ressentions, ce qui n'était pas très agréable, mais tout cela avait changer. Et j'y croyais toujours pas, pourtant je devais m'y résoudre.
Il déposa un délicat baiser sur mes lèvres. Aussi bizarre soit-il, je commençais déjà à m'habituer à sa bouche.

─ Tant mieux! On se supportera mutuellement très longtemps alors. Capable? Parfois je me demande si tu me connais vraiment. Je suis capable de tout, absolument tout. En tout cas, pour ta part, je te souhaite bonne chance, je ne suis pas un cadeau.
À boire? Bien sûr, je te sers ça!

Je me levai mais je remarquai alors qu'il me suivait. Quand il disait qu'il n'allait plus me quitter, il en était décidé. Mais je trouvais ça mignon. Je pris un verre dans l'armoir du haut, et y versa du soda pour Gabriel, et je m'en servis également.

─ Prends la vie côté Coca-Cola!

Je rie, puis souleva mon verre histoire de trinquer à nos retrouvailles. Je me sentais tellement bien.
C'est alors qu'il aborda une question qu'il qualifiait de délicate. Je n'y voyais aucun inconvéniant. Bien sûr qu'il pouvait crêcher ici. Tant qu'il le voulait, il pouvait même y vivre que je n'en verrai aucun problème.

─ Tu es sûr de vouloir rester ici? Parce que tu sais, l'homme qui partage ma vie dont tu faisais allusion tout à l'heure ne va vraiment pas tarder, j'étais sérieuse.

J'essayai de garder mon sérieux, mais je n'y arrivai pas. Je ris une nouvelle fois. C'était bon de retrouver son "meilleur ami"...

─ Reste tant que tu veux! Tu es le bienvenu!